Régis Lagrifoul, contrôleur des finances publiques au Service des impôts des entreprises Toulouse-Mirail et secrétaire départemental de Solidaires Finances publiques 31, syndicat majoritaire de la Direction régionale de Haute-Garonne interpelle le ministre des Finances.
Plusieurs chefs de services de la Direction régionale des Finances publiques de Haute-Garonne sollicitent régulièrement mon organisation syndicale : « vous pensez que “là-haut”, ils se rendent compte de l’état de nos services ? » Dans le même temps, nous constatons que les agents sont stupéfaits devant les arbitrages systématiquement défavorables envers la DGFIP alors que les tensions s’exacerbent avec une dégradation de l’exercice des missions et des conditions de travail.
De même, plusieurs parlementaires de Haute-Garonne ont interpellé le Gouvernement sur ces questions ou bien nous ont assurés d’un soutien pour défendre le service public. Ces belles paroles sont mises à mal par ce que, par ailleurs, les mêmes votent lors de l’examen des lois de finance.
Nous tenons à vous sensibiliser au sentiment d’abandon des personnels suite à ces arbitrages néfastes. Vous êtes en train d’écœurer ceux et celles qui sont en première ligne pour faire vivre la justice fiscale, le soutien aux collectivités.
Au vu des missions confiées à notre administration qui sont au cœur du débat public (lutte contre la fraude fiscale, consentement à l’impôt, contrôle et soutien des collectivités locales…) nous tenons à tirer la sonnette d’alarme, quant à plusieurs décisions récentes qui affaiblissent la proximité de nos services avec les usagers : suppressions de Trésoreries dans le Comminges, fermeture des services les mercredi et vendredi matin, gestion de l’accueil téléphonique et électronique des usagers du 31 par un Centre de contact payant à Carcassonne, mesures pour “éviter” les visites physiques dans les Hôtels des Finances. Nous vous rappelons que dans un pays fragilisé comme le nôtre, l’enjeu de la compréhension de l’impôt et son consentement est au cœur du pacte républicain.
Nous attendons ainsi des arbitrages sur la situation des emplois non pourvus que nous considérons comme un véritable hold-up. En plus des suppressions d’emplois subies ces dernières années (160 en 7 ans dans notre département), l’État employeur ne respecte pas sa parole en n’affectant pas les effectifs pourtant annoncés. Ainsi, 82 emplois ne seraient pas pourvus en Haute-Garonne au 01/09/2016.
« Un moratoire sur les suppressions de services et leur réorganisation »
De même, nous vous demandons et sommes disponibles pour tout échange sur ces propositions :
– un moratoire sur les suppressions de services et leur réorganisation. Cela permettrait de mettre en œuvre un réel débat public large. À l’heure où les évolutions des intercommunalités vont bouleverser les territoires, il serait nécessaire de permettre un véritable échange entre collectivités, élus, usagers et personnels pour garantir la proximité de nos services et éviter l’abandon de territoires entiers.
– une véritable discussion sur l’impact des évolutions technologiques. Nous ne sommes bien sûr pas hostiles aux facilités permises par internet mais les besoins des usagers et des collectivités ne peuvent pas se résumer à « cliquez sur impôts,gouv,fr ». Il convient de prendre en compte des réalités bien concrètes pour la Haute-Garonne : territoire rural ou montagnard, enjeu métropolitain, distances routières, zones blanches pour le net, forte sollicitation des personnes âgées, difficultés sociales des populations. Tous ces sujets conduisent à des besoins d’informations et une augmentation de la réception.
Nous restons à votre disposition pour faire le point mais surtout attendons des actes.
Veuillez recevoir nos salutations syndicalistes.
Régis Lagrifoul
Commentaires
Aubin le 18/09/2024 à 09:29
Marrant de voir un contrôleur des finances publiques sur une estrade qui mentionne "Justice fiscale".
Cela me rappelle un ministre du budget, en charge de la fraude fiscale, qui était sur une estrade avec un panneau "lutte contre la fraude fiscale", et qui a été mis en examen pour blanchiment d'argent provenant de la fraude fiscale.
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Natoulon le 18/09/2024 à 16:21
Ce qui est sûr, c'est qu'avec la paie de contrôleur on risque pas de placer de l'argent dans des paradis fiscaux...
Aubin le 18/09/2024 à 10:34
Natoulon,
Je comprends que vous êtes contrôleur des impôts. Ce n'est pas votre personne qui me dérange mais votre fonction. Avez-vous lu la déclaration des droits de l'homme et du citoyen ? La contribution publique, que vous appelez "fiscalité" qui s'exprime au quotidien avec les mots "taxe" et "impôt", devrait être "librement consentie".
Or notre Société française (et bien d'autres) fonctionne sur un modèle contraire à ses principes pourtant énoncés. D'ailleurs taxer et imposer sont des contraires de consentir.
Vouloir la justice fiscale, c'est tout simplement vouloir que ce système corrompu (dans tous les sens de ce terme) continue à fonctionner. Vouloir que des "paradis fiscaux" disparaissent, c'est tout simplement admettre que nous vivons dans un enfer fiscal.
En fait, ce que vous ne voyez peut-être pas, c'est que votre paye, vous ne l'avez que parce que la spoliation fiscale, qui constitue un butin fiscal, existe. Votre service, vous ne le monnayez pas librement sur le marché, vous utilisez la force, donc la violence de l'état, pour l'imposer à tous et en obtenir un prix arbitraire qui fausse les équilibres sur le marché, et empêche les individus libres d'offrir leurs services.