Expéditeur : Didier Gardinal
Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie Midi-Pyrénées depuis mars 2008, il est également trésorier de CCI France. Cet assureur de profession s’implique fortement dans le développement économique de la région, en préparant notamment la fusion des chambres consulaires avec le Languedoc-Roussillon.
Destinataire de la lettre :
Emmanuel Macron
Banquier d’affaires chez Rothschild & Cie, il devient ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique du gouvernement Valls II en août 2014. Il porte le projet de « loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques » qui a été adopté en première lecture via un passage par le « 49-3 ».
Monsieur le Ministre,
Je profite de cette tribune libre pour vous adresser cette réflexion qui n’engage que moi.
Je me souviens de notre première rencontre quelques jours après votre nomination, en remplacement d’Arnaud Montebourg à qui je venais d’adresser un courrier ; courrier resté sans réponse, bien entendu. Nous étions nombreux à saluer votre arrivée comme une chance, une ouverture, un espoir de régler, par le dialogue, la problématique des baisses de ressources et le prélèvement démesuré sur les réserves des Chambres de Commerce et d’Industrie, engagés par votre prédécesseur.
Nous avons très rapidement déchanté. Votre position était très claire : « Je ne reviendrai pas sur les décisions prises, le mouvement est enclenché, il ira à son terme. Les CCI doivent participer au redressement des finances publiques comme bien d’autres acteurs. »
Vous aviez alors annoncé cette décision au président de CCI France, André Marcon, avant de vous présenter à notre Assemblée Générale du 18 septembre 2014 : l’une de vos premières sorties officielles. Je me souviens parfaitement de cette journée. Je me trouvais à la tribune aux côtés de Carole Delga. Notre scénario prévoyait qu’à votre arrivée, les élus restent assis, dans un silence de cathédrale. Vous avez alors pris la parole et vous nous avez confirmé que votre décision sur la baisse de nos ressources serait irrévocable. Sans surprise, votre intervention n’a pas été suivie par des applaudissements. Le silence, pesant, a été alors rompu par l’intervention d’un collègue vous disant : « Au revoir, Mr le Ministre, nous n’avons plus rien à nous dire ». Avant de partir, vous adressez à la salle un dernier mot : « Ma porte reste ouverte ».
« Vous êtes un Social Libéral. Je suis un Libéral Social, doté d’une grande ouverture d’esprit. »
La main tendue n’a pas été saisie. Une très longue bataille s’est engagée, à l’Assemblée, au Sénat, dans toutes les CCI de France par l’intermédiaire des médias, … et la loi de finances a été entérinée. Le prélèvement de 500 millions sur nos réserves et la baisse de 17% de nos ressources pour 2015, maintenus.
Cette Assemblée Générale me revient souvent en mémoire. Avec le recul, je me dis que le traitement qui vous a été infligé ce jour-là, ainsi qu’à Carole Delga, n’était absolument pas digne de notre Institution. Le respect de la fonction et l’accueil républicain, qui vous étaient dus, n’ont pas été respectés.
Je suis intimement convaincu que cette première rencontre a eu pour conséquence quelques ressentiments vis-à-vis des CCI. Comment rétablir le dialogue ? Comment instaurer des relations convenables ? L’année 2014 est derrière nous. Votre objectif sur les ressources des CCI a été atteint. Votre loi est passée même si vous avez dû utiliser l’article 49.3 de la Constitution. Je considère, à titre personnel, qu’elle contient des éléments intéressants même si elle ne va pas assez loin à mon goût. Mais votre mission n’est pas terminée.
Vous êtes un Social Libéral. Je suis un Libéral Social, doté d’une grande ouverture d’esprit. La réforme territoriale n’a jamais été aussi proche de voir le jour et je considère que les Chambres de Commerce et d’Industrie ont une place à prendre aux côtés des Régions pour les accompagner dans le cadre de leur compétence pour le développement économique.
Monsieur le Ministre, projetons-nous vers l’avenir et afin de renouer le dialogue, je vous invite à participer à notre Assemblée Générale de juin. Vous pourrez sans difficulté constater que l’ambiance dans le Sud-Ouest est bonne, que les élus des CCI restent motivés avec comme unique objectif, ne l’oublions pas, le service aux entreprises, le développement économique, la création de richesses et d’emplois. Je ne vous garantis pas une « standing ovation », mais un accueil respectueux.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération.
Didier GARDINAL
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