Emploi. Indicateur avéré du marché du travail, l’intérim est aujourd’hui en baisse tant au niveau national que régional. Bernard Petit, président de Prism’emploi Midi-Pyrénées et directeur général du groupe Toulouse Intérim, analyse la situation.
Bernard Petit, Pris’emploi vient de publier son baromètre mensuel de l’intérim. Quelle est la situation nationale ?
En France, on observe un recul global de près de 3% à la fin octobre. Certains secteurs d’activité sont plus impactés que d’autres. Le BTP est le plus touché, tant au niveau national (-21%) que régional. Ceci est un réel problème puisque ce secteur fournit, en règle générale, beaucoup d’emplois. Les transports ne sont pas non plus épargnés (-1%) alors que le secteur était porteur jusqu’à présent. À l’inverse, le commerce et les services sont en progression. Cela s’explique notamment par l’approche des fêtes de fin d’année. En tous les cas, cette faible hausse ne compense pas la baisse des autres secteurs d’activité.
Un tel recul a-t-il déjà eu lieu ?
Je ne me souviens pas avoir déjà observé une chute aussi vertigineuse pour le BTP car le secteur d’activité a toujours été porteur, même quand les autres étaient en difficulté. Certes, il est arrivé qu’il y ait une baisse mais pas dans ces proportions.
La région Midi-Pyrénées suit-elle la tendance nationale ?
Nous sommes dans la même mouvance mais les chiffres restent différents. Les deux secteurs en repli nationalement sont plus impactés encore en région : le BTP enregistre une baisse de 26% de ses effectifs intérimaires quand les transports en perdent 6%. Les services augmentent de 5.4% et le commerce reste stable (+0.3%). Globalement, Midi-Pyrénées est en repli de 6.1% en octobre et de 5.4% depuis janvier dernier. Nous sommes la région la plus sinistrée en termes de travail intérimaire, d’une part parce qu’aucun gros projet pouvant relancer le BTP n’a été entrepris, et d’autre part parce qu’Airbus ne recrute plus autant d’intérimaires qu’auparavant.
En Haute-Garonne, plus précisément, la situation est-elle aussi préoccupante ?
Le département représente 6.7% des 6.1% de repli régional, la zone la plus impactée étant le Gers (-22.6%) et la moins touchée, l’Aveyron avec +14.8%.
Vous avez mis en évidence des nuances entre les secteurs d’activité et les départements, mais qu’en est-il du niveau de qualification ?
Les indices de l’activité d’une entreprise se retrouvent forcément au niveau des qualifications. Ainsi, les ouvriers qualifiés du BTP sont, de fait, en repli. On observe moins d’embauches puisqu’il y a moins de travail. À l’inverse, une petite évolution positive concerne les cadres et professions intermédiaires grâce au lancement de certaines études. Si ces dernières se transforment en projets concrets, la courbe pourra s’inverser pour les ouvriers.
« Je ne me souviens pas d’une chute aussi vertigineuse pour le BTP »
Comment analyser ces données en rapport avec le marché du travail ?
Le travail temporaire est la meilleure variable d’ajustement dans les entreprises qui, quand elles sont en surcroît d’activité, font appel à des intérimaires. L’embauche de ces derniers est donc plutôt bon signe. À l’inverse, quand ce chiffre est en baisse, cela signifie que les entreprises n’enregistrent plus de commandes et sont en difficulté. Aujourd’hui, le marché du travail est donc morose !
Dans les régions comme la nôtre, si aucun grand projet n’est entrepris, certains secteurs vont se trouver en grande difficulté avec d’énormes conséquences sur l’emploi, le pouvoir d’achat et la consommation. -26% d’intérimaires dans le BTP est quand même un constat catastrophique. D’autant que ce secteur est un indicateur fiable du marché de l’emploi, comme on a tendance à le dire : « Quand le BTP va, tout va ! »
Comment alors relancer l’intérim, preuve de bonne santé des entreprises ?
Le Medef et la CGPME ont lancé une vaste campagne concernant la libération des entreprises sur le plan fiscal et je pense effectivement qu’il s’agit d’une des clés. Il faut permettre aux sociétés de fonctionner plus simplement, d’embaucher mais aussi débaucher plus facilement quand le carnet de commandes chute. Pour finir, je pense qu’il faut sérieusement se pencher sur les grands projets de région en en facilitant la mise en œuvre et le financement, car aujourd’hui, on parle bien d’une course contre le temps ! Les pouvoirs publics et les banques n’ont pas la même notion du temps que ceux qui ont besoin de travailler !
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