La Banque de France a livré ce matin les résultats de son enquête menée auprès des entreprises d’Occitanie, notamment dans l’aéronautique, pour mesurer l’impact de la crise sur l’économie locale.
Selon la Banque de France, la crise a particulièrement impacté l’économie en Occitanie, plombée par l’aéronautique © Wikimedia Images / pixabayLa dernière enquête de conjoncture économique de la direction régionale Occitanie de la Banque de France datait du début d’année. Pour avoir une idée de l’ampleur des dégâts causés par le séisme coronavirus, l’organisme a donc procédé à une actualisation des prévisions 2020, à travers une enquête menée auprès de 1 500 chefs d’entreprises locaux.
Le principal enseignement n’est pas une surprise : l’Occitanie est une des régions les plus touchées par la crise. « Elle avait l’habitude d’être toujours au moins dans le top 3 en France, elle est désormais en queue de peloton », résume Stéphane Latouche, directeur régional de la Banque de France.
En effet, si l’on compare les données recueillies concernant le jugement des entreprises sur leur niveau d’activité par rapport à une situation normale, l’Occitanie est systématiquement un cran en dessous des moyennes nationales. Et c’est bien sûr dans le secteur de l’industrie que la différence est la plus notable avec des entreprises régionales qui déclarent se situer à 81 % de leur activité habituelle, contre 89 % sur l’ensemble du pays. Dans la sous-catégorie « matériels de transport », qui comprend l’aéronautique, mais pas seulement, les niveaux estimés d’activité sont, sans surprise, encore plus bas : 60 % contre 79 % au plan national.
« Ce sont des écarts importants. Tandis qu’en France, nos prévisions font état d’une reprise plus rapide que ce qui était envisagé, l’Occitanie est confrontée à un palier. Le choc a été violent », précise Stéphane Latouche. Ainsi, alors qu’elles prévoyaient en début d’année une hausse de leur chiffre d’affaires de 2,6 %, les entreprises occitanes dans l’industrie tablent désormais sur une baisse de plus de 20 % d’ici la fin de l’année 2020.
À l’intérieur de ce secteur, les situations sont toutefois hétérogènes. L’agroalimentaire enregistre la baisse la plus faible (-1,8 %), tandis que l’aéronautique, à elle, seule, chute de 34 % alors qu’une croissance de 4 % était attendue en début d’année. Dans les deux autres grands secteurs étudiés, le recul est de 11 % pour les services et d’un peu moins de 10 % dans le bâtiment, même si les entreprises du second œuvre devraient mieux résister.
L’enquête de la Banque de France a également sondé les entrepreneurs sur deux autres indicateurs de santé : l’évolution des effectifs et les investissements. Concernant le premier, « la baisse est plutôt moindre en regard de la perte d’activité », estime le directeur régional. Les emplois diminueraient de 4,1 % dans l’industrie, de 6,6 % dans le BTP et de 1,2 % dans les services. Des chiffres à relativiser toutefois puisqu’ils ne prennent pas en compte l’intérim et que, l’enquête ayant été réalisée en juin et juillet, de nombreux et importants plans sociaux en cours dans la région ne se concrétiseront que dans plusieurs mois.
L’investissement, quant à lui, a visiblement fait office de variable d’ajustement. Dans tous les secteurs, l’effondrement des programmes est assez brutal : -49 % dans l’industrie, -24 % dans le BTP et -33 % dans les services. Dans le détail, c’est encore une fois dans l’aéronautique que la chute est la plus vertigineuse avec une baisse de 73 %.
« Si tous les secteurs de l’économie sont en mauvaise posture en Occitanie, c’est particulièrement difficile pour l’aéronautique », appuie Stéphane Latouche. Ainsi aujourd’hui, 85 % des entreprises de la filière emblématique d’Occitanie prévoient une baisse de rentabilité. Et parmi elles, plus de la moitié estiment que cette diminution dépassera les 30 %.
Dans ce paysage « pas forcément gai », Stéphane Latouche salue tout de même le bon niveau de financement de l’économie avec une hausse des crédits accordés aux entreprises de 14 % dans la région. Une situation toutefois en grande partie due au Prêt garanti par l’État (PGE). En Occitanie, 57 300 entreprises, soit 6 % du total, ont sollicité le dispositif pour un montant global de 8 milliards d’euros.
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