Complémentarité. La fusion annoncée entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon pose un certain nombre de questions sur le plan économique. Faut-il en avoir peur ? Claude Dupuy, président de la section Prospective du CESER (conseil économique, social et environnemental de notre région) nous éclaire.
Propos recueillis par Thomas Simonian avec Jean-François Bataille (Actifs Radio)
Pourquoi Midi-Pyrénées fusionne-t-elle avec Languedoc-Roussillon et non pas avec l’Aquitaine ?
Au CESER nous avions en effet étudié les deux options, car il est vrai qu’avec l’Aquitaine nous avons un certain nombre d’intérêts communs et de coopérations importantes. Je pense ici notamment à l’aéronautique et à l’agro-alimentaire. Mais si on analyse les choses d’un point de vue économique notre région est davantage complémentaire avec Languedoc-Roussillon, et plus concurrentielle avec l’Aquitaine.
N’est-ce pas étrange de parler de concurrence plutôt que de synergies ?
C’est un simple constat de ce qui se passe en réalité. Un exemple : dans le secteur de l’aéronautique, la part de l’Aquitaine était de 40%, il y a cinq ans. Son objectif était même d’équilibrer les choses à moyen terme avec Midi-Pyrénées. Mais aujourd’hui, la part de l’Aquitaine est tombée à 30%. C’est le signe d’une concurrence terrible entre nos deux régions.
Nous avons pourtant des pôles de compétitivité en commun avec l’Aquitaine, ainsi que la marque « Sud-Ouest France » … Pourquoi tout défaire ?
Rassurez-vous, nous n’allons pas défaire ces alliances, et les coopérations vont à mon avis continuer. C’est d’ailleurs pour toutes ces raisons-là que beaucoup en Languedoc-Roussillon sont inquiets, voire dans certains cas hostiles à cette fusion. Il va vite falloir trouver des politiques communes pour satisfaire l’ensemble. L’exercice s’annonce d’ores et déjà compliqué.
« La plus grande région viticole du monde ! »
Autre particularité de cette nouvelle grande région, nous allons avoir deux métropoles en son sein, Montpellier et Toulouse. Est-ce un vrai plus ?
Oui, car nous allons pouvoir trouver par exemple des synergies évidentes entre nos universités et nos centres de recherche. Nous serons sur ces domaines-là des leaders en Europe. C’est d’ailleurs pour cela que les présidents de ces deux métropoles, Philippe Saurel et Jean-Luc Moudenc, se sont déjà mis au travail ensemble. Ils ont vite compris où étaient leurs intérêts respectifs … Nous pouvons leur faire confiance pour trouver des complémentarités nouvelles.
“La plus grande région viticole du monde !”
Sur le plan viticole, ne doit-on pas craindre une concurrence entre les deux régions ?
Les vignobles de ces deux régions vont faire que nous aurons la plus grande région viticole du monde ! Voilà qui sera un atout majeur pour notre développement économique. Il n’y a rien à craindre, tout le monde sera gagnant.
Quid du tourisme ?
Nous allons avoir une région qui va pouvoir allier montagne et mer, campagne et « Grands Sites. » Aujourd’hui, Languedoc-Roussillon est la troisième région de France en matière de tourisme, Midi-Pyrénées la quatrième. C’est vous dire l’enjeu stratégique qui va se jouer autour du tourisme, avec une volonté de développer certainement une communication plus agressive qu’actuellement.
Quelle métropole sera la capitale ?
Si l’on écoute tous ceux qui ont un avis sur la question, Toulouse semble faire l’unanimité. C’est une ville plus peuplée, avec beaucoup plus de forces économiques que Montpellier.
Avez-vous une préférence pour le nom que nous allons donner à cette nouvelle région ?
Ma préférence va à « L’Occitanie. » Cette culture historique est le point commun entre nos deux régions. C’est tout de même une langue qui a été parlée de Montpellier à Toulouse. Il va bien falloir que le nom fasse référence à toute cette histoire que nous avons en commun. Je rappelle également que les Comtés de Toulouse s’étendaient également jusqu’à Montpellier …
Retrouvez l’intégralité de cette interview sur www.actifsradio.fr le lundi 9 février 12h30
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