La Banque de France fait état d’une amélioration de la situation économique en Occitanie, comme au niveau national, même si certains secteurs restent particulièrement sinistrés. L’institution prévoit un retour à la normale d’ici la mi-2022. L’emploi retrouvera un niveau d’avant-crise en 2023. Plus de détails.
Au sortir de ce deuxième confinement, la Banque de France se veut optimiste. À l’échelle nationale, « l’impact économique durant le mois de novembre aura été trois à quatre fois moins fort qu’au printemps dernier », affirme Stéphane Latouche, directeur régional de la Banque de France. L’enquête mensuelle de l’institution portant à 11% l’estimation de la perte de production par rapport à l’année dernière, contre 31% en avril 2020.
Cependant, ce constat n’inclut pas les secteurs fermés administrativement comme les lieux culturels, l’hôtellerie-restauration ou les commerces non-essentiels. Concernant le commerce de détail, les ventes ont par exemple diminué de 24,5% en novembre. Les plus fortes baisses touchent l’horlogerie-bijouterie (77,1 %), le matériel de sport (75,0 %), la parfumerie et l’hygiène (68,8 %) et le textile et l’habillement (68,5 %). Les deux seuls secteurs en hausse sur un an sont le bricolage (+5,2 %) et la pharmacie (+1,0 %).
Ainsi, ce deuxième confinement aura accentué les écarts de performances entre les différents secteurs, phénomène déjà observé en septembre, « opposant les pires situations comme celle de la restauration, à une activité redevenue quasiment normale à l’image de la filière industrielle ou celle du bâtiment », précise Stéphane Latouche. Les chefs d’entreprises, dont les sociétés évoluent dans l’industrie, estiment par exemple avoir retrouvé 91% de leur activité habituelle.
En Occitanie, les constats sont les mêmes : les courbes stables jusqu’ici poursuivent leur redressement et celles encore basses entament une remontée. Autrement dit, « on voit le bout du tunnel », avance Pascal Robert, responsable du pôle “Études” à la direction régionale de la Banque de France. Essentiellement, dans les secteurs de l’industrie et de la construction.
Portée par la filière agroalimentaire qui a le vent en poupe, la production industrielle régionale a encore augmenté en Occitanie. Mais cela ne doit pas masquer les difficultés, toujours prégnantes, de l’aéronautique qui tirent les statistiques vers le bas. Toutefois, la Banque de France se veut rassurante. « Si les commandes dans le secteur ne reprennent pas, les stocks ont été épuisés. Il faudra donc relancer la production pour honorer celles déjà contractualisées », anticipe Pascal Robert. Ce qui reste finalement de bon augure.
Quant au secteur du bâtiment, l’activité régionale s’est fortement redressée, « revenant quasiment à un rythme normal », annonce la Banque de France. Le second œuvre faisant office de figure de proue. En effet, les carnets de commandes se sont consolidés et offrent un visibilité de six à huit mois. Ce dynamisme s’explique notamment par la demande des particuliers qui ne faiblit pas pour les travaux de rénovation de l’habitat et liés à l’amélioration de la performance énergétique.
En revanche, les services marchands accusent le coup. En Occitanie, comme ailleurs, l’activité du secteur, qui avait repris depuis six mois, a replongé de 40% suite au deuxième confinement. Depuis deux mois, la filière est à nouveau dans le rouge. Hormis les activités se trouvant sous le coup de fermetures administratives, les deux domaines de l’ingénierie et de l’informatique paient un lourd tribu en novembre.
Impact des différents plans de relance, issue des négociations sur le Brexit, évolution de l’épidémie de Covid-19… Autant d’aléas qui rendent difficile les projections économiques. Cependant, la Banque de France révise ses prévisions initiales et prévoit « un retour à la situation d’avant-crise pour la mi-2022 », annonce Stéphane Latouche. « Nous avons connu en 2020, la plus forte récession depuis le seconde Guerre Mondiale », poursuit-il, présumant une augmentation de 5% du Produit intérieur brut (Pib) en 2021 et 2022.
Le directeur Occitanie de la Banque de France avance alors une explication à ce scénario plus optimiste que celui avancé initialement : « Tout a été fait pour protéger le revenu disponible des ménages, qui n’ont finalement supporté que 11% du coût de la crise. Les entreprises en ayant absorbé 27% et l’État 62%. » Il constate même une déflation, qui atteindra 1% en 2023, se traduisant par une baisse des prix et une contraction de l’économie. « Ceci grâce aux mesures d’urgence mises en place et à la posture accommodante de la Banque de France », précise Stéphane Latouche.
Quant à l’emploi, il en prévoit la destruction de 800 000 pour la seule année 2021. Et un taux de chômage atteignant 10,7% cette même année. Dans ses prévisions les plus positives, il préjuge d’un retour au niveau de pré-crise pour 2023.
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