Alternative. La Sécurité sociale assure un minimum de ressources et l’accès aux besoins essentiels à tous les citoyens. Pourtant, elle est remise en cause par les défenseurs du mouvement « Les Libérés de la sécu». Parmi eux, l’association « Liberté sociale » dont Caroline Mercier, commerçante à Frouzins, est la directrice de la communication. Elle explique pourquoi ce système lui semble désormais obsolète et inégal.
Caroline Mercier, comment est né le mouvement « Les Libérés de la sécu » (plusieurs centaines de milliers de personnes)?
Il émane d’un constat de difficultés grandissantes pour les entrepreneurs à avoir une bonne couverture sociale. De plus, nous nous sommes rendus compte que la plupart des liquidations judiciaires sont dues aux organismes sociaux. Le mouvement est donc né suite à un dysfonctionnement de ces derniers dont les appels de cotisations sont ubuesques. Le contexte économique se dégrade sérieusement depuis 2 ans, beaucoup de professions libérales se trouvent en grandes difficultés financières. S’impose alors un dépôt de bilan ou le départ en guerre contre ces organismes. Nous avons choisi de nous battre.
Que reprochez-vous à la Sécurité sociale ?
La France se fait mettre à l’amende par l’Europe. L’Union estime que chaque Etat membre gère son organisme comme il l’entend mais impose que celui-ci soit équitable et unique. S’il n’y en a qu’un par pays, il faut qu’il soit le même pour tous, or, ce n’est pas le cas. Si je tombe malade demain, j’aurais 3 mois de carence et ma société peut péricliter, alors qu’un salarié du privé n’aura que 3 jours. C’est une inégalité ! Si tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, il faut avoir le choix, et c’est ce que l’on demande : pouvoir faire jouer la concurrence des organismes privés, comme une assurance traditionnelle. Ce type de contrat est déjà proposé aux Français expatriés par des groupes collecteurs travaillant pour les régimes obligatoires, alors pourquoi ne pas l’élargir à tous ?
Manque d’égalité, mais encore ?
Nous mettons également en évidence les fonds perdus par la « Sécu » et estimons qu’ils sont dus essentiellement à une mauvaise gestion, au profit de syndicats qui s’en mettent plein les poches et d’organismes privés qui « se gavent » en frais de gestion. Il s’agit d’un réel abus de pouvoir, d’ailleurs nous portons plainte pour « extorsion de fonds » quand les organismes envoient les huissiers pour impayés car nous considérons qu’ils exercent une pratique commerciale agressive. En Allemagne, des directeurs de caisses sont en prison pour abus de pouvoir, harcèlement, délit de concussion… En France, nous n’avons pas encore de tel cas mais je pense que cela ne va pas tarder car des milliers de plaintes sont en cours.
Il s’agit de souscrire à une assurance santé privée en lieu et place de cotisations à la Sécurité Sociale. Quels en sont les avantages ?
Personnellement, je suis assurée en Angleterre. Je paye 6 fois moins cher (240€ par mois au lieu d’environ 1 000€) et l’on me rembourse mieux. Simplement, parce qu’à l’inverse, les cotisations « sécu » englobent la CGS, la CRDS, le ticket taxe… bref, je payais pour des taxes, pour une mauvaise gestion et plus pour ma santé. De plus, en m’assurant ailleurs qu’à la « sécu », adieu les régularisations de charges annuelles sorties d’on ne sait où.
Existe-t-il des risques à votre démarche ?
La loi impose à chacun de cotiser à un régime, où qu’il soit basé, nous sommes donc bien dans le cadre légal. Mais nous nous attendons à ce que l’on nous fasse porter le chapeau d’un éventuel écroulement de la « Sécu »
Souhaitez-vous la chute de notre système de santé ?
« Liberté sociale » (500 adhérents en Midi-Pyrénées) ne souhaite pas faire éclater la « Sécu », contrairement à d’autres associations du mouvement. Simplement nous voulons la voir réformée en profondeur, car pour nous, le système de santé tel que nous le connaissons est déjà mort.
Cette volonté de ne plus alimenter le système de vos cotisations est-il applicable à d’autres organismes ?
Bien sûr, l’Urssaf, un fossoyeur d’entreprises, et le RSI… à toutes les caisses. Il s’agit simplement de pouvoir avoir le choix et donc une ouverture à la concurrence. C’est finalement tout ce que l’on demande.
Commentaires
fabien31 le 03/10/2024 à 10:32
Je n'ai plus les chiffres exacts en tête mais une journée en réa ou cancéro coûte plus de 3000€, 3 jours d'hospitalisation en clinique privée pour une appendicectomie m'ont été facturés 1600€. Les gens ne pourraient pas se soigner sans la sécu, la santé deviendrait un privilège. Imaginons donc un système d'assurance privée. Lorsque vous contractez un crédit immobilier, vous prenez généralement une assurance pour celui-ci. Votre dossier médical est épluché et selon vos pathologies ou risques le coût de l'assurance grimpe en flèche avec même impossibilité de s'assurer en cas de cancer par exemple. J'imagine que nous serons confrontés au même problème dans un système de santé par assurance privée. Le principe de l'égalité sera t-il alors respecté? Notre système n'est pas égalitaire dans son financement, il est équitable. C'est un système solidaire et humaniste, on paye selon ses moyens et on est soigné selon ses besoins. Préférons nous une inégalité d'accès aux soins? Puisque le modèle anglo-saxon est évoqué, savez vous que de nombreux anglais viennent en France pour des opérations chirurgicales telles que la mise en place de prothèse de hanche en raison des tarifs et délais d'attente dans leur pays? Et que dire des pratiques de certaines grandes entreprises qui bénéficient d'exonération de cotisations en pratiquant l'optimisation fiscale engendrant un manque à gagner significatif pour la sécu? Si certaines entreprises ou professions libérales éprouvent des difficultés, un ajustement à la marge est tout à fait envisageable sans détruire les fondements du système.