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Edition du 17 octobre 2019

La rédaction

17 octobre 2019 - 08:00

C’EST L’HISTOIRE D’UNE REPRISE… en deux temps

Je me suis installé en 1982 comme éleveur et cultivateur sur le domaine de La Borie Maigre, dans le Tarn. Aujourd’hui, l’exploitation fonctionne. Je ne dis pas qu’elle génère un revenu mais elle fonctionne. À l’approche de la retraite, j’ai commencé à réfléchir à l’avenir de mes biens. La première difficulté, c’est le niveau des pensions. Et encore, avec 850 euros par mois, je peux m’estimer heureux. Du coup, nous sommes tentés de louer nos terres, de morceler… Ma fille voulant s’installer avec une ferme pédagogique, nous avons imaginé accueillir trois autres acteurs en élevage, en boulangerie-paysanne et en maraîchage, sur le reste des parcelles. Mais, au-delà de la complexité administrative et de la nécessité d’arrondir mes fins de mois, le plus difficile est encore de passer à l’action.

Il y a huit ans, j’ai fait une première tentative pour préparer la transmission avec un jeune qui me semblait partager mes idéaux. Mais je n’étais pas prêt à tourner la page. C’était un échec annoncé ! Quand on a passé 37 ans sur une exploitation, à la faire vivre et à la développer, l’idée de s’en séparer peut s’avérer très violente. Une ferme, ce n’est pas qu’un outil, c’est aussi un lieu de vie.

Il y a deux ans, j’ai enfin senti que le moment était venu. Du coup, nous avons fait paraître une annonce de recherche de candidats. Sur une trentaine d’appels, nous avons rencontré une quinzaine de personnes et retenu trois prétendants. C’est une plongée vertigineuse dans l’inconnu mais il faut accepter que nous soyons simplement des accompagnateurs sur des projets qui ne nous appartiennent plus. Aujourd’hui, j’ai enfin commencé à faire le deuil de mon troupeau.

Daniel Coutarel, 64 ans, ferme de La Borie Maigre dans le Tarn

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