Virginie Courreges Cascaro est infirmière libérale et en colère. Elle qui se considère comme « Citoyenne de France et patriote de la République », s’investit dans le collectif « La grève c’est maintenant », contre la loi de santé. Une manifestation massive à Paris et en région était prévue ce lundi 16 novembre, mais annulée à la suite des attentats.
Lettre ouverte aux Députés et Sénateurs,
En ces jours funestes, une situation déplorable est mise en place par notre ministre de la Santé, Madame Marisol Touraine.
Médecins, infirmiers, aides-soignants et bien d’autres, ont montré haut et fort à la patrie ce que voulait dire le mot fraternité en prenant en charge dans les différents hôpitaux les multiples blessés victimes de la folie humaine, et en cessant le mouvement de grève amorcé le matin même.
Chaque matin, nous nous levons très tôt pour faire perdurer ce mot, FRATERNITÉ, en s’occupant de cette population ayant besoin d’une prise en charge adaptée à leur domicile. Nous sommes infirmiers libéraux. On en revient encore à ce mot libre qui s’avère être bafoué et sali, car, Mme la ministre décide, sans nous écouter et nous consulter, de nous tuer (je pèse mes mots).
Les raisons motivant cette réforme sont financières au vu du compte rendu de la Cour des comptes. Si les infirmiers libéraux coûtent plus cher, c’est la conséquence directe d’une prise en charge plus importante de patients en ambulatoire, d’une population vieillissante, d’une augmentation de maladies chroniques et aiguës… Notre charge de travail ne cesse d’augmenter à cause d’économies faites en amont.
Savez-vous que nos actes infirmiers ne sont pas tous payés ? Que le 2ème soin que nous réalisons n’est facturable qu’à 50% et que le 3ème n’est pas facturé ?
Savez-vous que nous faisons plus de 3 ans d’école après le BAC pour apprendre notre métier, qui est si peu considéré, et qu’il nous faut encore 2 années de salariat avant de pouvoir prétendre à s’installer ?
Savez-vous qu’une journée avec un service d’HAD (hospitalisation à domicile) coûte à l’État 850 € alors que nous, faisant le même travail, ne coûtons même pas 50€ brut ?
Chacun d’entre vous se révolte à juste titre de ces attentats, qui visent nos valeurs et cette LIBERTÉ si chère à nos yeux.
Nous, professionnels de santé libéraux et salariés, nous nous indignons et nous révoltons de l’attentat intolérable perpétré par Mme la Ministre à l’encontre de nos métiers et des citoyens, nos libertés et notre égalité, sans qu’aucun d’entre vous ne dise quoi que ce soit.
Mme la ministre, en cette période de deuil, se permet de présenter devant l’Assemblée nationale un projet de loi qui nous affectera tous d’une manière plus ou moins importante. Nos portefeuilles et comptes bancaires ne sont malheureusement pas égaux. Quand une patiente de 88 ans demande si l’on continuera à lui faire sa toilette, lui préparer ses traitements et être sa seule visite quotidienne, on se pose des questions sur ce que devient notre pays. Elle s’inquiète parce qu’elle ne peut pas payer plus de mutuelle et continuer à manger. Son choix est vite fait…
Nous ne sommes pas contre une réforme du système de santé, car elle est nécessaire. Par contre nous sommes contre cette réforme, qui est une atteinte directe aux droits de l’Homme.
Sachez que nous lutterons, que nous vous tiendrons tête, car nous aimons notre métier, nous aimons la vie et nous aimons les gens. Une guerre pour la France suffit amplement, il serait sage de votre part de vous rendre compte que les professionnels de santé vous demandent simplement de les écouter. Nous connaissons le terrain, les populations beaucoup mieux que vous, perchés, dans vos bureaux.
Virginie Courreges Cascaro
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