Pour la deuxième année consécutive, le JT remet les Trophées des solutions, au Laboikos (32 rue Riquet), ce jeudi. Une manière pour nous de récompenser les initiatives que nous avons découvertes tout au long de l’année.
La rédaction a ainsi épluché les 50 derniers numéros du JT et gardé les idées qui lui paraissent les plus impactantes, les plus originales ou les plus concernantes pour ses lecteurs. Nous les avons remises entre les mains d’un jury indépendant, proche de l’économie sociale et solidaire. Rendez-vous ce jeudi, pour connaître les lauréats, ceux qui se verront décerner un trophée des solutions.
Magasins fermiers, drive fermier, Amap, de nombreuses solutions sont expérimentées pour permettre aux habitants des villes de s’approvisionner en produits de qualité, issus des champs voisins. Mais la mise en pratique s’avère souvent compliquée et coûteuse pour les producteurs. Pour s’affranchir de ces contraintes, Cornélia Fricker, cogérante de la Ferme de Cabriole, a créé en 2016 Les Casiers Fermiers, dans le quartier Croix de Pierre. Une boutique d’un genre nouveau où les consommateurs se servent directement parmi les produits accessibles 7 jours sur 7, de 8h à 22h, et disposés dans des casiers s’ouvrant automatiquement après paiement par carte bancaire. Un système gagnant-gagnant, selon sa conceptrice : « Pour nous, producteurs, c’est un moyen de vendre en circuit court au prix juste et d’être disponibles pour les clients tout en pouvant nous consacrer à nos exploitations. Pour les consommateurs, cela permet d’avoir des produits de qualité à des prix accessibles, via un système le moins contraignant possible ». Si l’outil utilisé est une machine, le lien avec les clients est tout de même entretenu via un cahier de liaison, une disponibilité téléphonique, des apéritifs dégustation ou lorsque les producteurs viennent réapprovisionner. « C’est un moyen de créer du lien entre la campagne et la ville dans un quartier populaire où les gens ne se déplaceraient pas forcément dans une ferme ou ne participeraient pas à une Amap », poursuit Cornélia Fricker. Petit à petit, la boutique élargit sa gamme de produits et d’autres Casiers Fermiers pourraient bientôt voir le jour à Toulouse.
Pour Octavia Ivan, jeune entrepreneuse roumaine arrivée à Toulouse il y a quatre ans, l’idée d’un site de rencontre entre propriétaires de jardins et jardiniers est partie d’un constat sensoriel : la différence de goût entre les tomates qu’elle achète ici et celles qui poussent sur le terrain familial de son village, près de Bucarest. « En Roumanie, cette pratique est encore très répandue. À Toulouse, je voyais tous ces jardins libres, je me suis demandé ce qu’il était possible de faire », raconte-t-elle. Elle se lance alors dans un concept de “Meetic du jardin” : « La plupart du temps, si les propriétaires de jardins ne font pas de potagers, c’est par manque de temps ou de compétences. Il faut donc les faire entrer en contact avec des gens ayant envie de jardiner mais pas d’endroit pour le faire ». En attendant l’application mobile, prévue pour mai, la plateforme accueille déjà 236 utilisateurs et a permis une quinzaine de connexions. Autant de relations qu’Octavia Ivan prend le temps d’accompagner avec l’aide d’agronomes pour conseiller les équipes de jardiniers sur les questions du bio ou de la permaculture. Aucun échange d’argent n’ayant lieu sur le site, la jeune femme propose la création de potagers pour les entreprises et anime des ateliers de sensibilisation pour tous les publics afin d’asseoir son modèle économique. Avec toujours la même envie : « Fonder une communauté dans laquelle les générations se mélangent. S’il y a un endroit pour la transmission du savoir, c’est bien le jardin ».
Depuis près de deux ans, sur la cinquantaine de panneaux d’expression libre de la ville, fleurissent des affiches roses aux textes qui interpellent. Il s’agit de messages écrits par des Toulousains et collés par l’association Un mur dans le réel. « C’est une idée qui s’est imposée en découvrant la véritable utilité de ces panneaux. Ils sont là, non pas pour la publicité, mais pour afficher les opinions des citoyens et des associations à but non lucratif », explique Julien Médina-Delmotte, président du collectif. Pour voir son texte placardé, il suffit d’envoyer un mail à l’association. Les bénévoles ont élaboré une charte afin de « réfléchir à ce que l’on a le droit de dire ou pas dans un espace public », explique Julien Médina-Delmotte, qui aimerait ainsi mettre les citoyens devant leur responsabilité et contrebalancer « les réseaux sociaux, sur lesquels il est possible de poster un avis sans que cela ait de répercussions, de tenir des propos racistes sans en être forcément inquiété ». Le but d’Un mur dans le réel n’est pas uniquement d’afficher des opinions, il s’agit aussi d’apprendre à les formuler et à vivre en société. Pour sensibiliser les plus jeunes, les bénévoles interviennent dans plusieurs écoles primaires de la région toulousaine. Ils installent des panneaux d’expression libre dans les cours de récréation, organisent des sorties scolaires pour afficher des messages dans la rue et mettent en place des ateliers dans les classes pour débattre autour de l’expression libre et de ses limites.
Développé par la start-up toulousaine Rubix Senses & Intrumentation, Rubix Wear est un concentré de technologie. Un nez miniature d’un centimètre sur deux permettant d’analyser les nuisances, notamment au travail. Outre la température et l’humidité, l’objet prend en compte la lumière, le bruit, les particules, la pression ou encore les vibrations. Pour le moment, Rubix Wear possède trois niveaux d’analyse : la qualité environnementale, la qualité alimentaire, et l’état de santé : « Les fluides humains sentent, et varient selon les pathologies. C’est comme un monitoring en continu », explique Jean-Christophe Mifsud, président fondateur de Rubix Senses & Intrumentation. Ce dernier ne nie pas le potentiel anxiogène de son invention, mais pour lui c’est un moyen d’évoluer vers des remèdes : « Si chaque porteur du Rubix Wear devient son propre analyseur, à terme, toutes les données vont fusionner, et construire une pyramide de fiabilité ». Le champ des applications est infini, notamment au niveau professionnel. On pourra ainsi s’assurer de la qualité olfactive d’un même hamburger aux quatre coins du monde, échanger le bouquet de ses vins et fromages préférés, partager un parfum… Rubix Wear devrait être disponible en décembre 2018 et la version bracelet connecté est pour le moment privilégiée au format plug-in (accessoire) pour smartphone.
Depuis 2000, Etymon aide les porteurs de projet, les associations et les entrepreneurs dans la création et le développement d’activités économiques d’utilité sociale ou environnementale. La Glanerie et la Maison du vélo ont par exemple bénéficié de cette aide. « Pour créer son entreprise, il faut savoir faire 36 métiers à la fois, explique Marc Terret, l’un des accompagnateurs référent de la structure. Les personnes qui viennent nous voir ont un projet sérieux mais pas forcément toutes les compétences pour le réaliser ». Etymôn forme donc ses recrues au rôle de “chef d’orchestre” à travers des rendez-vous individuels. Le dispositif s’adapte aux besoins de chacun et concerne tous les aspects de la vie d’une entreprise : aide pour réaliser une carte de visite, établir un budget ou étoffer son réseau. Des réunions entre adhérents sont également au programme. Et si l’association guide ceux qui cherchent à donner du sens à leur travail, « il faut que le projet soit viable économiquement pour qu’il soit utile», ajoute-t-il, lucide. Les adhérents de cette “couveuse” qui dispose de 30 places bénéficient également d’un cadre bienveillant : ils gardent leur statut et leurs droits de demandeurs d’emploi et peuvent tester leur activité à travers le numéro de Siret de l’association. Engagé dans le développement de l’économie sociale et solidaire, Etymôn souhaite aussi favoriser la création ou le maintien d’emploi dans les structures du secteur et a mis en place pour cela un groupe de recherche d’emplois d’utilité sociale.
etymon.fr
Mouvement féminin initié par plusieurs entrepreneuses de la région, Digital Girls mène des actions pour permettre aux femmes d’occuper une place plus importante dans le secteur numérique qui est un levier de transformation sociétale. « Nous sommes parties du constat qu’il y a un manque de mixité dans l’économie numérique. Dans les écoles d’ingénieurs ou les établissements informatiques, les filles n’osent pas s’inscrire dans des filières où les garçons sont surreprésentés. Et, sur le plan professionnel, il existe encore peu de projets de start-up portés par des femmes. L’idée est d’essayer de changer les habitudes et d’encourager un meilleur équilibre », affirme Carole Maurage, membre fondatrice du mouvement. En collaboration avec l’agence MyNeedMySolution créée par cette dernière, Digital Girls a notamment organisé le marathon de l’innovation, Wo’Mixcity, dont la première édition a réuni 50 participants citoyens. L’événement, qui a mobilisé tout l’écosystème digital féminin, a permis la création de cinq projets de start-up portés par des femmes dont deux sont en phase d’accélération et une en phase d’expérimentation. Convaincu que « les valeurs féminines portées par des hommes et des femmes peuvent aider à créer ensemble un avenir désirable », Digital Girls prépare une deuxième saison de Wo’Mixcity, qui aura lieu à Paris, autour des thèmes de l’économie circulaire, de l’autoconsommation et de la qualité de l’air.
womixcity.com
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