Pour la deuxième année consécutive, le JT remet les Trophées des solutions, au Laboikos (32 rue Riquet), ce jeudi. Une manière pour nous de récompenser les initiatives que nous avons découvertes tout au long de l’année.
La rédaction a ainsi épluché les 50 derniers numéros du JT et gardé les idées qui lui paraissent les plus impactantes, les plus originales ou les plus concernantes pour ses lecteurs. Nous les avons remises entre les mains d’un jury indépendant, proche de l’économie sociale et solidaire. Rendez-vous ce jeudi, pour connaître les lauréats, ceux qui se verront décerner un trophée des solutions.
© Franck Alix
L’association La Gargouille organise depuis 15 ans des randonnées urbaines à la découverte des richesses architecturales de plusieurs quartiers populaires de Toulouse, dont celui de la Reynerie où elle est implantée. « Sans nier les problèmes, notre but est de changer le regard sur les quartiers prioritaires de la ville tout en redorant le blason de ses habitants », explique Catherine Beauville, directrice de l’association. Avec des étudiants de l’Institut d’études politiques de Toulouse, La Gargouille a porté en 2017 le projet Clichés de quartier. Des élèves du lycée Rive Gauche au Mirail ont notamment sillonné la Reynerie avec leurs smartphones pour poser sur le quartier un regard artistique et esthétique. Une démarche collective et créative pour rappeler que ces secteurs mal considérés de Toulouse ne sont pas faits que de béton et de tensions et sont tout aussi passionnants à connaître que ceux du centre-ville ancien. Deux autres quartiers dits sensibles – Empalot et Arnaud-Bernard – étaient également au cœur du projet qui s’est concrétisé sous la forme de plusieurs expositions dans la ville. « Sensibles, oui nous le sommes. Nous sommes assoiffés de reconnaissance. Dans les quartiers populaires aussi il y a des châteaux, des ruines romaines… Tout un patrimoine à découvrir », revendique Catherine Beauville, qui entend bien continuer à œuvrer pour que les habitants de ces quartiers se sentent partie intégrante de l’Histoire de la ville et même de la France.
Comment les étrangers, immigrés ou réfugiés, vivent-ils à Toulouse ? Pour le savoir, il faut ouvrir un journal pas comme les autres, Brins de paroles, réalisé par des apprenants en langue française. Fruit de la rencontre entre la journaliste Ariane Melazzini-Déjean et Nathalie Strelkoff, coordinatrice de l’association Parole Expression qui dispense des cours de français, le projet invite à mieux connaître les étrangers qui arrivent en France. « La migration des populations est devenue un enjeu majeur. Bien accueillir ces arrivants est un moyen de garantir leur insertion et une participation positive dans la société. Leur présence et leur histoire sont une richesse et, en plaçant le côté humain au cœur des actions, nous pouvons éviter le cloisonnement des populations », affirme Ariane Mélazzini-Déjean. Encadrés par la journaliste lors d’ateliers, 12 personnes venues du monde entier, avec chacun un niveau de français différent, ont participé à l’aventure. Libres dans le choix des sujets, certains racontent dans Brins de parole leur parcours et leur arrivée en France, d’autres exposent leurs talents (dessin, photographie…). Les deux premiers numéros du journal ont été tirés à 300 exemplaires et distribués gratuitement à la bibliothèque des Minimes ainsi que dans les centres culturels et associations du quartier. Les prochaines parutions pourraient également être mises à disposition dans les bibliothèques de la ville accueillant des étrangers lors d’actions dédiées à ce public. En attendant, Brins de parole est consultable sur le site de Parole Expression.
Depuis trois ans, Le Camion Douche met à la disposition des sans-abris et précaires une salle de bain itinérante installée dans un camping-car. L’association toulousaine fonctionne de mars à décembre et va à la rencontre des personnes en situation de pauvreté, d’isolement ou d’exclusion, le lundi matin au Secours populaire, le mercredi soir sur la place Héraclès et le dimanche matin sur la place du Salin. À l’origine de l’initiative, Héloïse et Jérôme Brière, un duo père-fille engagé depuis plusieurs années dans le milieu associatif toulousain. « Nous nous sommes rendus compte que les douches publiques peuvent s’avérer contraignantes. Alors nous avons voulu aller au-devant des personnes à la rue pour répondre à leurs besoins », explique la jeune femme. Depuis 2015, plus de 4000 douches ont été prises et autant de kits d’hygiène (mousse à raser, serviettes hygiéniques…) ou de vêtements ont été distribués. Car même si l’espace est exigu, tout est pensé à l’intérieur du camping-car pour préserver l’intimité avec, en plus, une attention particulière à la propreté puisque la douche est nettoyée et désinfectée après chaque passage. « Lutter contre l’exclusion sociale c’est aussi permettre à ces personnes de prendre soin de leur hygiène corporelle, qui est un besoin vital pour rester en bonne santé et retrouver une certaine dignité. Surtout, cela peut parfois être la première étape vers la réinsertion sociale et professionnelle », assure Héloïse Brière.
© Franck AlixInstallée depuis 15 ans à Bellefontaine, l’association L’Ecole et Nous tente de donner davantage de chances dans leur parcours scolaires et leur parcours de vie aux jeunes issus de ce quartier, où le chômage touche près d’un habitant sur deux. Pour cela, elle agit autant sur l’implication des parents que sur un soutien aux jeunes eux-mêmes en organisant par exemple chaque année une remise de prix pour tous les collégiens ayant décroché une mention au brevet, lors de laquelle ils reçoivent des cadeaux et les félicitations d’élus et de chefs d’entreprise. « Cela n’a l’air de rien mais le fait que des gens croient en eux, cela compte beaucoup. Une des nos actions consiste d’ailleurs à mettre les jeunes en lien avec des entreprises du bassin pour leur ouvrir des perspectives d’avenir », explique Malika Baadoud, directrice de l’association. L’école et nous vient aussi en aide aux parents dépassés, en aidant ceux qui ont des difficultés à lire et à écrire ou en mettant à leur disposition des ordinateurs pour leur apprendre à s’en servir. Via les cafés des parents, ces derniers sont invités à parler librement des problèmes du quotidien dans le quartier, comme le radicalisme ou la drogue. Un partenariat avec l’association Arpade permet par exemple d’aider les jeunes en proie à des problèmes d’addiction. Et pour ouvrir d’autres horizons, des voyages sont organisés pour inciter les parents à nouer des liens de façon différente avec leurs enfants. Environ 260 familles du quartier sont ainsi accompagnées par l’association.
ecoleetnous.wixsite.com
Fondé en 2013 par l’association Cités la Madeleine du Secours Catholique, le foyer Ruelles est dédié aux femmes isolées se retrouvant à la rue. Accompagnées par des travailleuses sociales, ces dernières vivent de façon autonome dans cette maison, qu’elles partagent, et ont accès à la Banque alimentaire. « Il nous paraît fondamental d’offrir un lieu de vie même temporaire qui prenne en compte leurs besoins et l’exercice de leurs droits fondamentaux, au même titre que tout citoyen, comme celui d’avoir accès à des conditions d’hébergement dignes », lance Hiba Gomri, responsable du lieu. Ce défi à relever s’adresse ici aux femmes, particulièrement exposées aux violences conjugales mais aussi aux maltraitances, à l’exploitation et aux conséquences des dégradations climatiques et des guerres. Dans cette structure à taille humaine, à mi-chemin entre un logement d’insertion individuel et un centre d’hébergement plus massif, les femmes peuvent prendre le temps de s’occuper d’elles, de leurs démarches. Ruelles est un lieu de vie basé sur les compétences des personnes plutôt que sur leurs défaillances. 400 femmes ont été accueillies depuis l’ouverture du foyer. 25 % en sont sorties avec une solution pérenne de logement. « Nous souhaitons que ce chiffre évolue et que le logement individuel ne soit pas forcément le seul modèle de sortie réussie. Ce projet est voué à être modélisé, tant il offre une solution humaine préservant les personnes d’un assistanat nuisible à leur émancipation », espère-t-on du côté de l’association.
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