Retraités, micro-entrepreneurs, étudiants et personnes en reconversion professionnelle… L’arrivée des ‘’sinistrés du Covid’’ inquiète les Restos du cœur dont l’activité a pratiquement doublé à Toulouse.
L’activité à pratiquement doublé au Restos du coeur à Toulouse par rapport à 2019 © DRL’activité des Restaurants du cœur est l’un des baromètres permettant de mesurer l’ampleur des crises économiques. Et, au regard de l’augmentation des personnes faisant appel à l’aide alimentaire de l’association fondée par Coluche en 1985, l’impact social de l’épidémie de Covid19 est déjà sensible. « Ce lundi, nous avons préparé 810 colis pour des personnes à la rue alors que l’an dernier, à la même période, nous tournions autour de 400 repas quotidiens », constate Christiane Giovannini, la présidente de l’antenne départementale. Une explosion de la demande qui touche particulièrement les trois sites de distribution toulousains dédiés aux sans-abri.
Dans les centres d’accueil qui prennent en charge les familles, la tendance est moindre, mais reste, toutefois, préoccupante. « En moyenne, nous observons une hausse de la fréquentation de 28 %. C’est un peu moins marqué dans les zones rurales que sur la métropole. À Pibrac, par exemple, l’activité a presque doublé », s’inquiète-t-elle.
S’il est encore tôt pour tirer un bilan de l’évolution des profils de bénéficiaires, les bénévoles signalent déjà l’arrivée des « sinistrés du Covid ». Entre les étudiants n’ayant pas trouvé de job d’été, les micro-entrepreneurs dont l’activité s’est effondrée ou les personnes en reconversion dont les formations ont été brutalement interrompues, le public s’est clairement diversifié depuis le début de la crise sanitaire.
« Nous voyons aussi venir plus de retraités qui, auparavant, n’osaient pas se présenter, car ils avaient honte. Avec la crise, ils ont compris que tout le monde peut être touché », ajoute Christiane Giovannini qui relève également une augmentation de la part de femmes seules avec des enfants. En effet, le confinement et l’arrêt des cantines scolaires ont pesé lourdement sur les budgets des familles les plus précaires.
Pour la présidente, cette situation n’a rien de provisoire et pourrait même s’aggraver à la rentrée. « Certains vivent encore sur leurs réserves ou peuvent se faire aider à droite ou à gauche. Si l’emploi ne redémarre pas, nous risquons de voir arriver toujours plus de gens au mois de septembre. Nous sommes inquiets vis-à-vis de nos stocks et des modalités d’accueil que nous allons devoir mettre en place. La demande est tellement importante que ça devient problématique », alerte-t-elle. Celle-ci attend d’ailleurs avec inquiétude des nouvelles des divers plans sociaux annoncés dans le département.
Une situation d’autant plus préoccupante que les mesures d’hygiène, indispensables en période de pandémie, compliquent la distribution et l’intendance. « Nous ne pouvons plus servir de repas en réfectoire, alors nous proposons des colis à emporter. Pour éviter les rassemblements trop importants, nous avons dû multiplier les points de distribution et, de ce fait, le nombre d’équipes », précise Christiane Giovannini. Sur le terrain, tous les bénévoles reçoivent un masque, ont accès à du gel hydroalcoolique et sont formés aux gestes barrière. Mais malgré cela, les volontaires pourraient commencer à manquer. « Beaucoup d’entre eux sont des personnes âgées et certains n’osent pas encore revenir », explique la présidente qui appelle à la mobilisation de nouvelles recrues.
Commentaires