Membre de l’association Les Amis du Monde diplomatique depuis 2012, Jean-Pierre Crémoux a découvert le journal en 1991, lors de la guerre du Golfe, quand le mensuel s’est engagé contre l’intervention de la France. Depuis, il est un inconditionnel de la parution, au point de prendre part à l’association de lecteurs dont il est le représentant local. Cette dernière fête ses 20 ans cette année et organise pour l’occasion une conférence sur l’indépendance de la presse.
La revalorisation du point d’indice des fonctionnaires
Cette mesure était nécessaire car leur rémunération est bloquée depuis six ans… mais pas l’inflation. En revanche, je m’interroge sur cette tendance politique qui vise à segmenter la population en ne donnant qu’aux uns et pas aux autres : pourquoi n’augmenter que les fonctionnaires et pas le SMIC ? Car le pouvoir d’achat baisse pour tout le monde. Mais c’est pour eux une façon de dresser les actifs contre les fonctionnaires, et ainsi de diviser pour mieux régner ! Quant au montant de la revalorisation, il n’est que symbolique puisque l’on parle de 1.2%, soit 20 euros par mois. C’est loin de représenter un panier de supermarchés ! Cette façon de gouverner au coup par coup témoigne du manque de vision à long terme de nos gouvernants qui se contentent d’effets d’annonce. Cela me fait penser au projet de loi instaurant le prélèvement de l’impôt à la source : il ne s’agit pas d’une réforme fiscale, mais d’une simple réorganisation administrative.
Les primaires à droite
Personnellement, je pense que le mécanisme institutionnel de la Ve République qui veut que tous les pouvoirs soient incarnés en un homme providentiel est au bout du rouleau ! Les primaires visent à trouver cet homme ou cette femme-là, ce n’est donc pour moi qu’une veste mascarade. Existe-t-il une réelle différence entre les idées de tous les candidats à ces primaires ? Ils avancent tous la même chose, et ce dans un seul but, celui d’être élu. Cette foire d’empoigne prête sincèrement à sourire ! Mais je me prête au jeu et risque un pronostic : je pense qu’Alain Juppé aura la faveur des Français. Il est populaire et relativement soigné par les médias, mais il reste l’homme à abattre par son propre camp, mais aussi par la gauche. Il aura tout intérêt à surveiller ses arrières. Quant à Nicolas Sarkozy, il me semble qu’il est trop handicapé par son premier mandat présidentiel.
Les nouveaux processus de déradicalisation
Cette démarche me paraît vertueuse car il faut aider ces jeunes à la dérive qui se tournent vers la radicalisation. Je pense que ce sont les différentes politiques menées jusqu’à présent qui en sont les responsables car les populations issues de l’immigration en provenance du Maghreb ont toujours été marginalisées. Ce sont ces politiques qui ont créé le communautarisme, et aujourd’hui, cela explose !
La mise en place d’un numéro vert réceptionnant les signalements à risque me pose problème. Je ne cautionne pas la délation car elle peut être utilisée à des fins de vengeance et engendrer également des comportements excessifs, d’autant plus en situation d’état d’urgence. Il y aura un risque que tout musulman pratiquant un islam strict soit fiché or, tous ne sont pas des terroristes en puissance. Cela reviendrait à sanctionner un possible délit avant qu’il ait eu lieu. L’on se croirait dans le film Minority report !
Le plan Marshall pour l’emploi de Carole Delga
Débloquer les budgets publics est une bonne initiative, et il est classique de relancer le BTP en priorité car il reste la variable d’ajustement de l’économie. Nous avons d’ailleurs coutume de dire que quand le bâtiment va, tout va ! En revanche, il faudra prendre garde à ce que ce budget soit alloué à des chantiers d’utilité publique et non à des constructions inutiles par simple volonté de le justifier. Un détail me surprend tout de même : il n’est nulle part fait référence à la transition énergétique, c’est pour moi une grave erreur. La centrale de Golfech étant en fin de vie, il faudrait peut-être penser à une alternative au nucléaire car là aussi de nombreux emplois pourraient en découler et des financements tant publics que privés pourraient être mobilisés. Tout miser sur le BTP est sans doute réducteur quand beaucoup d’autres secteurs clés restent en souffrance et peuvent être pourvoyeurs d’emplois, comme l’agriculture par exemple.
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