BOYAUX – Cette structure métallique rose pâle, de huit mètres de haut par quatre de large, est depuis 2005 le phare des Abattoirs. L’œuvre d’art fait beaucoup parler depuis son installation… Mais au fait : c’est quoi ce truc ?
Sié / JT« On se pose où ? Côté vache ou côté intestin ? » Camille et ses deux camarades s’installent finalement à proximité de la sculpture bovine du jardin Raymond VI, à bonne distance du tube rosâtre. « C’est juste un gros intestin grêle provocateur et sans intérêt », lance l’étudiante en lettre. « Des boyaux… Il y a certainement un lien avec les abattoirs », enchaîne Noémie, l’air sceptique.
Grégoire, 12 ans, arrive avec un ballon à la main. Il gare son vélo sur l’un des flans de l’œuvre. Il fronce les sourcils : « Je n’aime pas du tout. C’est pas beau ce rose. » Ce n’est pas l’avis d’Hugo, qui étudie l’œuvre entre deux frappes de balle : « On dirait un serpent rose sans tête. Ça part un peu dans tous les sens, mais c’est plutôt original. »
À l’ombre d’un boulot étoffé, Élisabeth affiche un sourire béat : « J’aime beaucoup être assise au pied de cette œuvre. Ce n’est jamais figé et on peut y voir plein de choses différentes. Mes petits enfants s’amusent beaucoup dessus. » Une confidence à ne pas faire à Patrick. Le gardien se tient à l’affut, à une centaine de mètres de l’œuvre : « Je siffle dès que quelqu’un s’assied dessus, personnellement je trouve ça laid et inutile, mais ça reste une œuvre d’art classée ! ».
Pourtant, l’idée de Franz West, auteur de l’œuvre, est bien de permettre aux spectateurs de se l’approprier. L’artiste autrichien, décédé en 2012, a choisi de faire de sa sculpture un élément de mobilier urbain. Exposé pour la première fois en 2005, l’assemblage monumental a été créé dans les Abattoirs pour le Printemps de Septembre. Le musée d’art contemporain en fait alors l’acquisition pour 150 000 euros et décide de l’installer sur son parvis l’année suivante. La structure tubulaire en aluminium plaqué est donc laquée pour résister aux passants et aux intempéries.
En 2009, nouveau voyage pour « Agoraphobia » – de son petit nom – qui déménage dans le jardin Raymond VI. Que représente-t-elle au juste ? C’est « un anneau de Möbius, un ruban infini, irrégulier dans son dessin et sa surface, à l’image d’une racine ou d’une ronce géante qui aurait proliféré dans l’espace », indique la plaque apposée au pied de l’œuvre.
En 2007, Alain Mousseigne, directeur de l’acquisition pour les Abattoirs, expliquait : « La démarche de l’artiste est complexe. Il a développé une idée autour de la cérébralité. » Le musée ajoute sur son site internet : « En l’absence d’usage connu, c’est au spectateur de se confronter à l’œuvre. »
Par Gabriel Haurillon
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