POT-AUX-ROSES. Avec Airbus, la brique rouge ou le Stade Toulousain, c’est l’un des emblèmes les plus marquants de la ville en France et à l’étranger. Pourtant, la vie n’a pas toujours été rose pour la violette de Toulouse.
®franckalixL’histoire de la violette de Toulouse commence par une légende. Celle d’un soldat de Napoléon III qui aurait ramené de Parme la célèbre fleur en 1850. La suite est plus précise. La culture s’est développée dans le Nord de Toulouse, du quartier de Lalande jusqu’à Launaguet et Castelginest, là où étaient situés les maraîchers. Dans les années 1930, on comptait près de 600 producteurs. « Son succès était en partie dû au fait que ce soit une fleur d’hiver, c’était une aubaine pour les maraîchers. Lors des trois ou quatre mois de floraison, elle se trouvait partout à Toulouse. On se l’arrachait », raconte Mélanie Vié, fille d’Hélène, propriétaire de la péniche La Maison de la Violette.
La plante toulousaine s’exportait alors partout en Europe et jusqu’au Maroc ou au Québec. « En langage des fleurs, elle symbolise l’amour fidèle et sincère, c’était très chic d’en avoir une à la boutonnière, notamment en Angleterre », détaille Adrien Roucolle. Ce fils d’un producteur devenu président de la coopérative de la violette a participé en tant qu’aide familial à la culture traditionnelle dans les années 1950. Le nom de la fleur est dès cette époque associé à la ville mais après un terrible hiver 1956 qui détruit toutes les productions, les horticulteurs abandonnent peu à peu la plante qui tombe en désuétude.
C’est Adrien Roucolle, devenu ingénieur agronome, chargé du service horticulture de la Chambre d’agriculture qui, dans les années 1980, essaye de relancer la machine. « La violette que l’on trouve à Toulouse a plusieurs spécificités qui la rendent unique dont celle d’être stérile. Elle ne se reproduit pas par graine mais à partir de boutures. Avec des chercheurs, nous avons mis au point un système in vitro qui a permis d’éviter la dégénérescence de la plante », raconte le spécialiste.
Désormais cultivable en pot, elle connaît un regain d’intérêt jusqu’au milieu des années 1990 avec l’appellation officielle violette de Toulouse et l’instauration d’une fête qui lui est dédiée.
Mais les producteurs, eux, n’ont pas suivi le mouvement. Aujourd’hui, on n’en compte plus que deux dans la région, dont Hélène Vié qui a racheté une vieille Toulousaine aux Minimes où elle produit un millier de pots par an. Ainsi, une grande partie des produits dérivés que l’on trouve aujourd’hui à Toulouse sont issus d’autres espèces de cette fleur, cultivées ailleurs en France. Un comble pour la soi-disant capitale de la violette mais Adrien Roucolle reste optimiste : « Il y a un vrai retour aux cultures locales, la ville a tout intérêt à renouer avec son histoire. »
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