EXPÉRIMENTATION. Comment les producteurs locaux peuvent-ils mettre à la portée des citadins des produits fermiers de qualité, facilement accessibles et à des prix raisonnables ? La réponse avec Cornélia Fricker, qui a créé il y a un an Les Casiers Fermiers.
// Par Maylis Jean-Préau
La Ferme de Cabriole
Magasin fermier, drive fermier ou Amap, de nombreuses solutions sont expérimentées pour permettre aux habitants des villes de s’approvisionner en produits des champs voisins. Mais la mise en pratique n’est pas toujours aisée pour le producteur qui doit souvent se plier à des horaires contraignants ou à des coûts élevés.
Pour s’en affranchir, il y a un an, Cornélia Fricker, la cogérante de la Ferme de Cabriole, dans le Lauragais, a eu l’idée de créer Les Casiers Fermiers, dans le quartier Croix de Pierre. « Il y a une forte demande de produits fermiers. Nous avons donc réfléchi au moyen d’avoir un point de vente en ville, mais ouvrir une crèmerie représentait un coût très important », explique-t-elle.La découverte de l’existence d’un distributeur de salades en libre-service fait tilt. Cornélia Fricker monte donc un distributeur automatique de fromages, yaourts ou crèmes. Et invite d’autres agriculteurs à rejoindre l’aventure. Les Casiers Fermiers proposent également du miel, des œufs, du pain, des conserves de canard… Des produits accessibles 7 jours sur 7, de 8h à 22h, que les clients règlent directement sur place par carte bancaire.
Si elle a choisi ce système, c’est parce qu’il s’avère être gagnant-gagnant pour le producteur et le consommateur. Il permet en effet aux agriculteurs d’augmenter significativement leur part de vente directe. Or, comme l’explique Cornélia Fricker, « aujourd’hui, pour les agriculteurs, la seule façon de s’en sortir correctement est de transformer et de commercialiser en direct le plus possible. Cela nous permet de garder la main sur nos prix et de les moduler en fonction des coûts de production ». Pour les clients, le prix de ces produits de qualité reste accessible. « Nous répercutons le coût de l’emballage, mais les prix sont sensiblement les mêmes qu’au magasin de la ferme », poursuit Cornélia Fricker. Enfin, grâce au choix assez large, les clients peuvent faire de véritables petites courses.
Mais comme tout magasin de produits locaux, Les Casiers Fermiers doivent faire face au problème de l’approvisionnement. Pour y remédier, le lieu a décidé d’exclure les fruits et légumes et d’avoir que peu de produits saisonniers. « Nous avons aussi décalé la traite des troupeaux pour avoir du fromage toute l’année », explique Cornélia Fricker. Certes, le distributeur automatique n’est pas à l’abri d’une panne… d’œufs ! « Cet hiver, les poules ont arrêté de pondre… Nous avons décidé d’attendre qu’elles s’y remettent et d’informer les clients de ce qui se passait. Il faut faire un gros effort de présence et de communication pour garder un lien régulier avec les clients », poursuit l’agricultrice. Sans oublier le temps passé au ravitaillement des casiers, jusqu’à trois fois par jour le week-end ! Malgré ces contraintes, un an après leur ouverture, Les Casiers Fermiers affichent un bilan très positif. « Je suis persuadée que ce type de distributeur moins coûteux qu’un magasin fermier et plus souple qu’une AMAP va se développer dans les années à venir », conclut Cornélia Fricker.
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