Malgré la rentrée des étudiants, les travaux de rénovation du campus battent leur plein. Plusieurs bâtiments sont déjà terminés, et le chantier devrait s’achever à l’été 2016.
Par Valentin Dohin
L’université de Toulouse le Mirail n’est plus. Université Toulouse Jean-Jaurès est son nouveau nom depuis mars 2014. De son architecture emblématique qui date de la fin des années 60, il ne reste plus grand-chose. Seule l’arche à l’entrée du campus ne sera pas détruite, un bâtiment qui date de 1992.
L’université entre dans une nouvelle ère, et le passage de témoin a véritablement eu lieu ce jeudi 10 septembre. C’est dans le bâtiment Olympe de Gouges, ouvert depuis mars dernier, (qui regroupe la faculté d’Histoire de l’art et d’archéologie, et celle des ‘‘Sciences, espaces et sociétés’’), qu’architectes et maîtres d’œuvres ont présenté le projet de reconstruction. Une planification entamée il y a 5 ans et qui devrait se terminer en juillet 2016. « L’architecture de l’université est réinterprétée pour s’adapter au 21e siècle », résume Nicolas Golovtchenko, le vice-président délégué au patrimoine et à l’immobilier de l’université et Maître de conférences en sociologie.
Une université à réinventer
Nicolas Golovtchenko n’est pas tendre avec l’architecture initiale du campus conçue par Georges Candilis, en 1964 : « C’était une enclave coupée de la ville. L’université, construite à l’horizontale, était invisible et n’avait aucun lien physique avec le reste du quartier », avant d’ajouter : « On ne se rendait pas compte que l’on se trouvait dans une université, il y avait une absence totale de repère. Chaque couloir et bâtiment se ressemblaient. On se perdait dans ces longs couloirs extérieurs très sombres. On ne voyait la lumière qu’au bout de ces tunnels, et les propriétés esthétiques de ces lieux étaient discutables », estime-t-il, un brin cynique. Nicolas Golovtchenko fait la liste des problèmes récurrents que professeurs et étudiants connaissaient à l’intérieur des locaux vétustes : températures insupportables été comme hiver, isolation sonore inexistante alors que l’université se trouve sous le couloir aérien de l’aéroport de Blagnac, fuites d’eau… Enfin, le campus était conçu pour 10 000 étudiants, il y en a désormais 26 000.
De nombreux défis auxquels ont dû se confronter les architectes du nouveau projet, mené par les cabinets d’architecture parisien Valode & Pistre et toulousain Cardet & Huet. Selon Alain Nègre, associé chez Valode & Pistre, « le projet de Candilis était une utopie. Nous avons voulu garder ce qui le caractérise et le réadapter ». L’idée de la dalle, consacrée aux piétons, sur laquelle est posé le campus, est conservée. Or, les anciens couloirs sont entièrement détruits pour laisser place à une allée centrale bien plus large, au plafond largement rehaussé et laissant cette fois-ci passé la lumière. « Nous ne pouvions pas rénover et reconstruire en fonction des bâtiments existants car ils étaient trop vétustes », explique l’architecte. Par ailleurs, le nouveau projet veut incarner un véritable quartier universitaire. « Nous voulons un quartier lisible, habité, vivant et reconnecté à la ville », décrit Alain Nègre. Ainsi, s’ajouteront plusieurs logements universitaires, un gymnase, des épiceries étudiantes, et la réintégration du stade, situé au nord du campus, au sein de l’université. Les bâtiments vont prendre de la hauteur : deux étages au lieu d’un seul auparavant. Par ailleurs, un large parc est prévu avec l’installation d’un étang et d’une rivière qui s’écoulera au milieu de l’université. Ce parc traversera le campus d’est en ouest et raccordera le château du Mirail et ses jardins du XVIIIeme siècle. Un château qui est la propriété de l’université Jean-Jaurès, mais oublié par les étudiants car depuis toujours détaché du campus.
Des bâtiments ultra-modernes
Enfin, l’intérieur des bâtiments est entièrement dédié à la transmission du savoir. «Le philosophe Michel Serres (Professeur à Stanford, historien des sciences NDLR), a accompagné notre projet », précise Alain Nègre. Selon lui, la transmission du savoir se divise entre l’enseignement, le partage, la recherche. Inspirés de cette théorie, les architectes ont consacré le rez-de-chaussée au lieu de vie entre étudiants et enseignants-chercheurs, le 1er étage aux salles de cours, et le dernier étage aux bureaux des enseignants-chercheurs.
Les bâtiments sont entièrement équipés de technologies dernier cri, et isolés de manière à consommer le moins d’énergie possible. Ils sont notamment équipés d’un système d’aération free cooling qui permet de refroidir le bâtiment en utilisant la différence de températures entre l’air extérieur et intérieur. Point d’orgue de l’événement, l’entreprise Velux, spécialisée dans les fenêtres de toit, a présenté sa dernière innovation : la verrière modulaire. Elle permet d’arrêter à 73 % la chaleur extérieure en été. Ces longues verrières illuminent naturellement le patio et la salle d’exposition du bâtiment Olympe de Gouges.
Les nostalgiques de l’université du Mirail devront se faire une raison, l’université Jean-Jaurès a bientôt terminé sa mue. La transformation est radicale.
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