Jean-François Grelier : Président de l’Association des Sinistrés du 21 septembre, association de Sinistrés AZF, Jean-François Grelier, 67 ans, est retraité de l’Éducation nationale, où il formait les professeurs des écoles à l’IUFM. Il se considère également comme « un militant des banlieues » à la cité du parc, au Mirail, quartier où il vit depuis trente ans. En juillet 2015, il publie le livre ‘‘La catastrophe AZF : Total coupable’’ (éditions Les bons caractères).
À l’attention de Monsieur le Maire de Toulouse
Je reviens vers vous, publiquement cette fois, sur la question du nouveau procès en appel. Vous savez la situation des sinistrés et victimes AZF, puisque vous avez répondu à nos demandes en soutenant notre combat.
Pour nous victimes, c’est la triple peine. Nous avons été victimes d’une catastrophe majeure, dans notre chair, dans notre cadre de vie, et dans notre travail. Ce fut la première peine. Ce n’est que par un long travail que nous avons pu retrouver un équilibre plus ou moins précaire dans ces trois domaines. Puis est venu le temps des procès pénaux. C’est en septembre 2011, dix ans après, que la justice a rendu son verdict en prouvant l’erreur industrielle. Ce fut pour nous un grand soulagement, et nous avons commencé à mieux dormir, en espérant pouvoir passer à autre chose.
C’était sans compter sur l’erreur du premier président de la cour d’appel qui a fourni sur un plateau un moyen de cassation à notre adversaire. Ce procès a donc été cassé, et ce fut pour nous la deuxième peine.
Puis hors de tout usage, la Cour de cassation a usé de son pouvoir discrétionnaire pour saisir la cour d’appel de Paris pour tenir ce nouveau procès en appel. Cela nous interdit de fait d’y participer, à la fois cette décision nous replonge dans nos souffrances et elle nous empêche d’en témoigner. C’est cela la troisième peine.
Nous avons alors décidé de nous battre contre ce que nous considérons comme un déni de justice.
« Cette décision nous replonge dans nos souffrances et elle nous empêche d’en témoigner »
Nous avons réussi à interpeller la garde des Sceaux Christiane Taubira le 26 septembre dernier à la fête de la rose 31. Elle nous a alors déclaré devant les caméras de France 3 que « le procès pouvait se tenir à Toulouse » et que « l’on devait cela aux Toulousains ».
Puis nous avons été reçus au ministère de la Justice, le 20 novembre dernier. Là des hauts fonctionnaires nous ont dit que nous avions mal compris. Elle avait juste émis un souhait, mais ne s’était pas engagée formellement. Nous savions que nous étions des malentendants, à la suite du blast AZF, mais voilà que nous sommes à leurs yeux aussi des mal-comprenants !
Alors que pouvons-nous faire ?
Ces hauts fonctionnaires ont fait mine de croire qu’une retransmission vidéo à Toulouse du procès qui se ferait sans nous à Paris satisferait à nos exigences. Nous l’avons très mal pris, car là c’était faire injure à notre intelligence. Nous vous demandons donc de ne pas donner suite à la demande qui vous a été faite de louer la salle Mermoz à la chancellerie.
Le procès ne va pas avoir lieu avant les élections présidentielles de 2017. Cela nous laisse donc largement le temps de continuer la pression. Nous allons donc continuer à faire signer aux parties civiles la lettre demandant à Christiane Taubira de demander au tribunal désigné de venir siéger à Toulouse. Puis nous allons investir l’espace public pour faire savoir encore plus aux Toulousains le mauvais coup qu’on nous a porté. Nous allons faire signer notre pétition dans tous les marchés toulousains, et nous vous demandons d’en informer vos placiers, afin qu’ils nous réservent le meilleur accueil.
Nous vous remercions d’avoir pris la mesure du traumatisme que l’explosion de l’usine a provoqué et continue de provoquer sur les Toulousains.
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