Dix jours après la réouverture officielle des auto-écoles, ces dernières éprouvent des difficultés à élaborer un fonctionnement viable. Avec le manque de visibilité des protocoles sanitaires, de l’organisation des plannings et de leur trésorerie, les écoles de conduite avancent à l’aveugle.
Il n’est pas simple pour toutes les entreprises de reprendre leur activité après ces deux mois de confinement. Du côté des auto-écoles, la reprise semble même très compliquée, par manque de lisibilité des mesures à mettre en place : « Certaines auto-écoles ont repris le 11 mai pour refermer le soir-même car aucun protocole sanitaire n’avait été signé. Nous avons repris nos activités le 18 mai, mais le protocole n’a été signé que cette semaine », explique Yann Thomas, président régional du Centre national des professions automobiles (CNPA) et gérant de Stop l’auto-école à Toulouse.
Ce protocole sanitaire mentionne notamment les gestes barrières à adopter pendant les heures de conduite. Port du masque obligatoire pour l’élève et le professeur, ainsi que la visière. Cependant Yann Thomas confie que tout n’est pas respecté à la lettre : « Il est déjà compliqué de se procurer des masques, imaginez les visières… »
Outre les gestes barrières à respecter, les auto-écoles font face à un autre problème de taille : les plannings, qui étaient déjà chargés avant les deux mois de fermeture. Entre examens du permis de conduire, examens du code et heures de conduites planifiées, tout a été chamboulé. « Certains élèves étaient à quelques heures de passer le permis au moment du confinement. Nous devons donc leur reprogrammer des heures pour qu’ils puissent se remettre dans le bain. D’autant plus que nous n’avons pas de visibilité sur les examens…», confie Yann Thomas.
En effet, concernant les examens du permis de conduire, la date prévue de reprise est le 8 juin 2020. Seulement 30% des inspecteurs seront disponibles, les autres étant atteints d’une pathologie et donc considérés comme des personnes à risque, ou affichant leur crainte du virus. Le patron de Stop l’auto-école a fait le choix de ne pas redonner de cours de conduite aux élèves à qui il restait moins de cinq heures à effectuer avant la date butoir. « Pour le moment, nous faisons passer en priorité les élèves qui avaient des heures planifiées en mars et en avril, mais cela reste compliqué. Etant basés à Toulouse, nous avons donc énormément d’élèves étudiants, qui sont retournés dans leur famille pour y passer le confinement. Ils sont parfois trop loin de Toulouse pour revenir pour quelques heures de conduite », explique le président régional de la CNPA.
Les auto-écoles n’échappent pas non plus à la crise financière qu’a engendré le confinement. Malgré les aides de l’Etat, à hauteur de 1 500 euros en mars et en avril pour 15 000 euros de masse salariale chez Stop l’auto-école par exemple, les loyers des locaux et des locations de véhicules ont continué d’être prélevés. Pour l’heure, Yann Thomas n’a mobilisé que trois employés, et ce jusqu’au 2 juin prochain.
La trésorerie de l’entreprise a aussi été touchée, puisqu’elle est désormais à zéro. « On estime que 30% des écoles de conduites en France fermeront définitivement d’ici la fin de l’année », termine le dirigeant.
Marie Bouisseren
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