À l’appel d’une coordination représentant l’ensemble des personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche, une partie des universités françaises s’est arrêtée, ce jeudi 5 mars. Un mouvement de ras-le-bol de la précarité.
Ce jeudi 5 mars a été déclaré journée morte dans les universités françaises par une coordination représentant l’ensemble des personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche. Les objectifs annoncés du projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) ont été le détonateur : « On vient nous promettre toujours plus de précarité et la casse de nos statuts… Alors que déjà, le système ne tient que par la bonne volonté de ceux qui donnent toute leur énergie pour qu’il ne s’effondre pas » résume François Bon, professeur de préhistoire à l’université de Toulouse-Jean-Jaurès. C’est donc aussi un grand cri d’alarme qui est poussé, après deux décennies de régression budgétaire : « Nous sommes dans une situation dramatique. Avec des crédits récurrents réduits à peau de chagrin, des fonctions support de plus en plus rares, de la sous-traitance à tous les niveaux… Et cette fameuse course aux financements de projet, le plus souvent infructueuse, qui nous fait passer plus de temps à demander de l’argent qu’à mener nos recherches », déplore Sandrine Costamagno, directrice de recherche en archéologie au CNRS.
Le phénomène se retrouve à tous les étages, comme en témoigne par exemple Laurence Charlier, maîtresse de conférences en Anthropologie à l’Université Jean-Jaurès : « Notre département est composé de 59 % d’enseignants précaires, sous-payés, en position subalterne et non-protégés par le droit du travail. C’est un mal resté longtemps silencieux qui frappe l’ensemble de l’enseignement supérieur ». Le personnel administratif de la faculté est soumis au même régime : « Des collègues sont obligés de travailler le soir pour s’en sortir, d’autres n’ont pas de quoi acheter leur essence. Il y a de plus en plus de contractuels, le plus souvent des femmes, qui sont renouvelées au petit bonheur la chance et qui sont mal formées », indique Bernadette, une des responsables du service à l’UT2. Le constat descend jusqu’aux étudiants eux-mêmes « qui sont les premières victimes. Et si l’on ajoute les réformes du chômage et de la retraite, c’est une précarité tout au long de la vie que l’on nous impose », lance Charlotte, inscrite en L2.
Alors que tout le monde semble en avoir très gros sur le cœur, les formes de la mobilisation à venir n’ont pas encore été arrêtées. « Le mouvement se construit. Certaines initiatives ne font pas l’unanimité : il y a ceux qui pratiquent la rétention de notes, ceux qui font grève, d’autres qui ne font pas remonter certains documents au ministère. Nous avons besoin de définir la manière avec laquelle nous pourrons peser. Nous voulons être visibles et nous suivrons la coordination nationale », conclut François Bon.
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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