Jardiner chez soi lorsque l’on vit en appartement ou dans une maisonnette en ville n’est pas chose aisée. Notamment parce que l’environnement y est hostile naturellement à toute forme de culture. Mais Florian Champoux, cofondateur de l’agence Terre au ciel, explique comment s’en accommoder.
© Neslihan GunaydinObtenir des produits de qualité issus d’un potager situé en plein centre-ville est possible. C’est la conviction de Florian Champoux, cofondateur de l’agence Terre au ciel, spécialisée dans l’agriculture urbaine. Malgré les difficultés inhérentes à l’emplacement d’un jardin citadin, il existe des solutions pour garantir une production saine. Mais il convient de prendre quelques précautions.
La plupart des jardiniers en herbe pensent que la principale barrière est la pollution de l’air due aux voitures. Or, « celle-ci se neutralise assez facilement. Il suffit de bien laver ses légumes à l’eau et plus rien n’y paraît », assure Florian Champoux. Les particules se déposant seulement sur le légume sans le pénétrer. Cependant, il est conseillé de bien sonder l’environnement dans lequel se situe le jardin, notamment s’il est placé à proximité d’une usine ou sous un couloir aérien.
« Ce qui pose réellement problème serait plutôt la pollution des sols », précise l’expert. En effet, pour constituer la base des potagers, les apprentis jardiniers utilisent souvent de la terre de remblais. « Ne sachant pas toujours d’où elle provient, il n’est pas rare d’y trouver des métaux lourds. Ces derniers sont absorbés par les racines des légumes et sont alors impossibles à éliminer », poursuit-il. Il convient donc de réaliser des études de sols, à plusieurs endroits du jardin et à différentes profondeurs, pour s’assurer qu’il est sain.
Le manque d’espace est également une problématique importante de l’agriculture urbaine. Là, Florian Champoux déconseille les plants verticaux : « D’abord parce que c’est cher à l’achat, ensuite parce que cette technique d’hydroponie (culture hors-sol) est plutôt réservée aux plantes ornementales et nécessite une connaissance particulière », énumère-t-il. En revanche, si l’envie de jardiner persiste, « vous pouvez vous tourner vers le partage ou l’échange de potagers », suggère le fondateur de l’agence.
Quant au déficit d’ensoleillement, dû essentiellement à l’ombre portée des immeubles voisins, « il existe peu de solutions ». L’exploitation des toits-terrasses peut être une alternative, mais Florian Champoux confie que la démarche est périlleuse : « Les réglementations de sécurité sont drastiques et les toitures sont rarement aptes à supporter la masse d’une telle structure et ne sont pas assez étanches. » Reste l’option d’une installation d’ampoules à LED, mais pour le côté écologique, ce n’est pas recommandé.
Une fois, ces quelques freins levés, un jardin urbain peut générer des légumes de qualité. Même, un potager sur un balcon est parfois plus sain qu’un jardin de plain-pied : « On évite les pollutions grâce à l’utilisation de substrats et l’on est certain que la parcelle ne sera pas contaminée par les produits phytosanitaires du voisin », commente l’expert. Pour dernier conseil, il invite à cultiver des variétés de légumes rares, souvent plus goûtus mais peu côté dans les supermarchés. Tout comme les fleurs comestibles ou les aromates frais que l’on ne trouve pas en grande surface. L’art de transformer une contrainte en avantage.
Florian Champoux : En charge du développement commercial et des partenariats de l’agence Terre au ciel. Ingénieur agronome de formation, il a concrétisé sa vision de l’agriculture de demain en s’impliquant dans des projets en Haïti, au Canada ou en Amérique latine.
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