Sakura. Coincé entre la place de l’Europe et le centre des congrès, ce jardin est une parenthèse exotique en plein cœur de Toulouse. Est-ce le caprice d’un puissant lobby japonais ? Ou est- il simplement là pour faire joli ? Le Journal Toulousain enfile son kimono et mène l’enquête.
// par Brice Bacquet
À l’heure des premiers rayons de soleil et des douces hausses de température, les Toulousains se pressent déjà pour admirer le Jardin japonais. L’espace vert de Compans-Caffareli n’attend pas la floraison de son cerisier et attire toute l’année de nombreux visiteurs. «C’est une véritable bouffée verte en plein centre-ville » s’enthousiasment Marie et Luka. S’ils se promènent le long des chemins de pierres du jardin, ils confessent ne pas en connaitre l’histoire.
Marie interroge un simple choix esthétique : « Au printemps, les fleurs des cerisiers sont magnifiques ». Au détour d’un buisson de bambous, Marc, un joggeur trentenaire, avoue lui aussi ne rien connaitre sur le parc. « Je viens souvent courir ici, j’aime bien l’atmosphère relaxante et cette sensation de bien-être », explique-t-il en terminant ses étirements.
C’est auprès de Pierre, un adepte de « ce lieu de méditation et de repos » qu’une réponse s’esquisse. Il vient dès les beaux jours prendre des photos. Alors qu’il s’engage sur le pont rouge vif surplombant l’étang, le jeune étudiant évoque la passion pour les jardins d’un ancien élu local. La piste du lobby nippon s’éloigne.
Perché sur un escabeau, un sécateur à la main, un agent des espaces verts va plus loin et remonte le fil du temps jusqu’à l’ère Pierre Baudis. « L’ancien maire de Toulouse était fan de ce type de parc. Il me semble qu’il a décidé de créer ce jardin après un voyage à Tokyo », explique-t-il. Un deuxième jardinier aplanit la terre d’un revers de pelle, et corrobore l’histoire : «Oui, et l’an dernier, Jean-Luc Moudenc est d’ailleurs venu ici lui rendre hommage en baptisant le lieu du nom de son prédécesseur ».
Effectivement, entre le plan d’eau et l’étendue de sable zen, un buste de l’ancien homme politique toulousain s’élève. Pour effacer tous doutes, la Mairie confirme par courriel la version des deux employés municipaux. Le parc a été créé en 1981 sur demande de l’ancien maire, particulièrement friand de celui du jardin japonais de Dublin.
Conçu par le bureau d’étude du service des Jardins et par les Espaces verts de la Mairie de Toulouse, l’endroit est largement inspiré de celui de Kyoto et s’organise comme un jardin de type Tsukiyama. Cela veut dire qu’il est composé de plusieurs collines artificielles. Un aménagement qui ne passe pas inaperçu : le parc est une première fois distingué en 1993 par le concours des villes fleuries. Quelques années après, le label « Jardin remarquable » décerné par le ministère de la Culture, célèbre le lieu à son tour.
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