J’ai voulu savoir si ce don méconnu, obscur pour certains, effrayant pour d’autres, est plus compliqué ou douloureux qu’un don du sang. À Toulouse, les besoins en plasma, s’élèvent cette année à 10 600 dons. Et vont en augmentant.
// Par Maïlys Lopez
DRÉtape 1 – « Attention, je pique »
C’est avec une légère appréhension que j’arrive pour donner mon sang. Pas très rassurante cette aiguille. Elle est grosse, non ? Après avoir rempli le questionnaire pré don et passé un entretien médical, c’est à mon tour de m’installer pour donner mon plasma. Ce composant liquide du sang sert à transporter les cellules sanguines et les hormones à travers le corps. Je retiens mon souffle quand l’infirmière lâche le tant redouté « Je pique ». Beaucoup de peur pour rien, le geste est indolore. À côté de moi, une grosse machine fait un son de magnétoscope. C’est là que va passer le liquide rouge. Le don de plasma se fait par aphérèse, c’est-à-dire que le flux collecté passe dans une centrifugeuse qui sépare les cellules. Plus léger, le plasma remonte à la surface et peut être aspiré.
Étape 2 – Une ressource inépuisable
Une demi-heure déjà que mon sang s’écoule de mon bras, j’ai l’impression qu’ils vont me vider. « Nous n’avons pas le droit de prélever plus de 7% du volume sanguin total », me rassure Marion Buteux, responsable de la maison du don Jean Jaurès. Plusieurs centilitres de sang et près d’une heure plus tard, c’est terminé. « La procédure est plus longue que pour un don de sang classique », m’explique celle qui est aussi responsable des collectes de Toulouse. La machine doit effectuer plusieurs fois la séparation des cellules, d’où la durée du don, entre 30 minutes et 1 heure 15. En revanche, le corps reconstitue le plasma à la vitesse de l’éclair : je pourrai revenir d’ici 15 jours. Ce délai préconisé serait surtout, selon Marion Buteux, « un intervalle de sécurité ».
Étape 3 – Phase de récupération
J’ai le bras légèrement endolori quand l’infirmière me libère, après ses recommandations: « Pas de cigarettes dans les deux heures qui suivent le don, ni d’efforts physiques. Et surtout, on s’hydrate ». Direction la collation : « Pas mal ces madeleines, non ? » me souffle un monsieur à l’autre bout de la table. Ce buffet gratuit est un passage obligé après chaque don, afin de permettre une récupération plus rapide : « Et puis mieux vaut faire un malaise ici que dehors », me lance le médecin en plaisantant.
Étape 4 – Une nécessité
Je me demande ce que va devenir mon don : « Soit on s’en sert pour des transfusions, soit on le fractionne et il est utilisé sous forme de médicament », poursuit Marion Buteux. Ce jour-là, la salle est remplie de donneurs. Leur patience ne sera pas inutile : les besoins en plasmaphérèse sont en augmentation. Pour cette année 2017, ce sont 10 600 dons qui seront nécessaires à Toulouse. Ce geste peut sauver la vie d’hémophiles, de malades du foie, ou de patients atteints de déficits immunitaires. « Cela fait du bien à son prochain », confie Pascal après sa plasmaphérèse. J’ai aussi la sensation de donner un peu de moi-même, c’est agréable et cela inhibe ma peur.
Étape 5 – Gratitude
Mais je me sens vraiment utile lorsque je rencontre Amel Laladj à la maison du don Jean Jaurès. Elle est mère de deux garçons : Yanis, 14 ans et Lokman, 6 ans, tous deux souffrant de déficit immunitaire. Les yeux embués de larmes elle raconte à quel point le don de plasma compte pour elle. « Ces gens sauvent la vie de mes enfants », lance-t-elle. « Je suis très malade sans médicament, je trouve que c’est très gentil de donner », explique Lokman, qui vient de suivre une chimiothérapie. Alors que j’ai trouvé le temps de ma prise de sang long, ces deux garçons sont astreints à des perfusions toutes les trois semaines. Leur mère me confie ce que signifie vivre avec la maladie : « Nous sommes dépendants des autres, et on a peur que tout s’arrête. Le don, c’est la survie ». Quant à moi, j’ai trouvé une raison supplémentaire de revenir dans deux semaines.
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