Colère. La rage des intermittents du spectacle continue de se faire sentir. Le 22 septembre dernier, ils occupaient l’agence Pôle Emploi Spectacle de Montaudran afin d’obtenir des réponses aux problématiques autour de leur régime d’indemnisation spécifique. Une crise qui n’est pas prête d’être résolue…
Par Myriam Balavoine
La crise des intermittents du spectacle demeure et tendrait à s’aggraver. Au vu des particularités de leur métier, force est de constater le bien fondé d’un régime spécifique pour les salariés du spectacle. Pourtant, selon la Coordination des Intermittents et Précaires de Midi-Pyrénées (CIP-MP), de plus en plus de ses membres font face à une « politique répressive » de Pôle Emploi : contrôles « abusifs », arrêts d’indemnisation, demandes de remboursements, radiation… Les intermittents dénoncent un « acharnement » et une « dégradation de leurs conditions de vie ». Lucile et Romain*, artistes danseurs et chorégraphes, ont tous deux subis ces contrôles supposés être aléatoires. Ils doivent aujourd’hui rembourser leur « trop perçu » depuis janvier 2014, atteignant plusieurs milliers d’euros. « Notre métier est précaire par définition. Ces allocations, pour lesquelles nous cotisons à chaque contrat, sont un complément essentiel qui permet de rééquilibrer nos revenus » précisent-ils. Une réalité qui, pour la CIP, toucherait une « cinquantaine de personnes ».
Pour Serge Lemaitre, directeur régional de Pôle Emploi en Midi-Pyrénées, il n’y aurait que « 10 dossiers connus dans la région ». « Ces contrôles cherchent à vérifier que nos heures effectuées – 507h sur 10 mois et demi – relèvent bien du régime d’intermittent comme nous les avons déclarées » expliquent les deux danseurs. C’est là que là bas blesse. Nombre d’intermittents, salariés de compagnies, interviennent au sein d’infrastructures scolaires, en tant qu’artistes, autour d’un projet commun avec les instituteurs. Pôle Emploi souhaite, d’après Lucile et Romain, reclasser ces heures au régime général, considérant qu’elles relèvent de l’action pédagogique et non de leur activité d’artiste. « On nous demande de justifier notre travail, or c’est bien pour notre travail d’artistes que nous sommes choisis… » soulignent-ils avant d’ajouter : « Nous n’avons aucun interlocuteur direct, aucune information durant la durée du contrôle et la sensation d’être considérés comme fraudeurs dès le départ ». Sur d’autres dossiers, différents moyens seraient utilisés pour enlever le statut à des personnes qui, comme Romain et Lucile, montent pourtant régulièrement sur scène.
Chez Pôle Emploi, on se défend. Serge Lemaitre affirme que « tout demandeur d’emploi peut être soumis à contrôle, sans objectif de déboucher sur une affaire de fraude ». Contrôler les dossiers de ses allocataires a toujours fait partie des missions de l’institution, mais depuis 2014, la gestion des dossiers des intermittents a été centralisée à Chavanod, en Haute-Savoie. Pour le directeur régional, la multiplication des contrôles tient surtout à « la perspicacité et l’efficacité » des agents. S’il leur concède une certaine « bonne foi », il considère que « les intermittents peuvent se tromper et faire des confusions dans leurs déclarations ». On est encore loin de trouver une issue à cet épineux dossier… *Les prénoms ont été changés par souci d’anonymat. Exergue : « considérés comme fraudeurs dès le départ »
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