Le Journal Toulousain s’est immiscé dans les loges de cette salle de spectacle ouverte depuis 14 ans dans le quartier Saint-Cyprien. Un spectacle frénétique haut en couleur, présenté toutes les semaines aux spectateurs.
Par Enri Ramousset
19 heures. Dans la salle encore vide du Kalinka, Yohan Lafage vérifie le carnet de réservation. 70 personnes sont attendues ce soir sur les 100 places du cabaret. Complet gris, crâne rasé et yeux fardés, le danseur gère la salle de spectacle depuis 14 ans avec sa femme Élodie. Une vraie histoire de famille. Son frère ainé, Stéphane, leur a appris à danser dès leurs quatre ans. C’est lui qui chorégraphie maintenant les différents spectacles et son compagnon Vivian assure la régie. «Nous avons appris à gérer une entreprise les deux premières années et il a fallu ensuite trois ans pour rattraper les erreurs», relatent les deux trentenaires. Aujourd’hui, le Kalinka fait vivre une troupe de neuf personnes au rythme de 140 représentations par an.
Danseurs, acrobates, chanteurs et comédiens, tous se font aussi serveurs entre les numéros. «Chacun a sa spécialité, mais nous sommes tous polyvalents», assure le maître des lieux. La comédienne de l’équipe, c’est Nathalie. Faire du cabaret était un «rêve d’enfant» qu’elle réalise depuis quatre ans au Kalinka. «Ici, j’ai appris à gérer mon stress et à entrer très vite dans la peau d’un nouveau personnage», dit-elle en souriant. «On n’a jamais le temps de se reposer sur nos lauriers !»
«Notre cabaret ne ressemble pas aux revues parisiennes comme le Lido. Il y a plus de numéros circassiens et contemporains. On danse sur du Georgette Plana et du Rammstein, par exemple. Les gars comme les filles font aussi plus de nu qu’ailleurs, mais toujours de façon artistique.»
Et pour cause, le «très créatif» Stéphane change les numéros en permanence. Le spectacle du soir en contient douze. À peine plus d’un quart du répertoire total de la troupe. Au menu aujourd’hui : chorégraphies bollywoodiennes, reprises de classiques de la chanson, acrobaties, comédies et un très original Butoh, une danse moderne japonaise interprétée dans le plus simple appareil. Au fond du cabaret, un discret escalier de service mène aux loges. Costumes, chapeaux et perruques pendent sur tous les murs. Face aux miroirs, Élodie Lafage met une touche finale à son maquillage. «Il y a toujours un peu de trac avant le spectacle car les salles sont parfois sceptiques au début», reconnaît-elle.
«Notre cabaret ne ressemble pas aux revues parisiennes comme le Lido. Il y a plus de numéros circassiens et contemporains. On danse sur du Georgette Plana et du Rammstein, par exemple. Les gars comme les filles font aussi plus de nu qu’ailleurs, mais toujours de façon artistique.» Dans les coulisses, c’est le branle-bas de combat. Marly, le transformiste, cogne son crâne contre la sous-pente en relevant sa grande silhouette élancée. Julien, l’acrobate, dévale l’escalier qui mène à la scène en enfilant le premier de ses 25 costumes. Marion, la chanteuse, cherche de toute urgence un micro qui fonctionne. Yohan Lafage fait ses derniers assouplissements dans la lumière rouge qui baigne la scène. Lever de rideau. La troupe se présente en chanson, sous les applaudissements du public. Quelques enfants accompagnent parfois leurs parents, mais ce sont surtout des adultes qui s’installent ce soir entre les tables.
Pas le temps d’en profiter car il faut lancer les prochains numéros. Bondissant dans les coulisses exiguës, Élodie Lafage et Julien se changent à toute vitesse en faisant voler leurs chemises. Leur numéro, tout en porte-jarretelles et boas, s’achève à peine que Nathalie s’élance à leur suite pour conter les malheurs comiques d’une pauvre femme. La première partie du spectacle s’achève. Les clients ont faim. Haletante, Nathalie s’empare de sa veste de serveuse et efface d’un geste de la main la fatigue qui tire ses traits. «Allez, le masque !», s’exclame-t-elle en plaquant un sourire sur son visage avant de courir rejoindre ses coéquipiers. La soirée est loin d’être terminée.
Deux heures plus tard, les douze coups de minuit s’apprêtent à sonner. L’apparition de The Mask rejouant quelques scènes du fameux film a ravi la salle. Vêtue de costumes russes traditionnels, la troupe entre pour la dernière fois en scène. Poétique et coquin, un célèbre chant russe emporte le public dans ses rythmes endiablés. Kalin… Ka, Kalin… Ka, kalin… ka moïa !
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