MIXITÉ. Le blog Paye Ta Fac compile les phrases sexistes entendues par des étudiantes de l’enseignement supérieur. Face à ces remarques, l’université Paul-Sabatier a réagi en rappelant son engagement en faveur de l’égalité femmes-hommes.
«Les filles, de toute façon, vous ne finirez pas votre cursus. Vous allez tomber enceintes avant et laisser tomber vos études par la même occasion.» Cette phrase, prononcée par un enseignant-chercheur en biologie cellulaire à l’université Paul-Sabatier, est publiée sur le blog Paye Ta Fac.
«Les hommes artistes ont des questionnements généraux et ouverts tandis que les femmes artistes (…) n’abordent que des thèmes liés à la grossesse ou à leur journal intime.» Voici une autre remarque proférée par un professeur d’histoire de l’art à l’université Jean-Jaurès.
Lancé le 22 décembre dernier par des étudiants de l’université d’Avignon, ce blog a pour objectif de récolter des témoignages anonymes du sexisme ordinaire entendus dans les écoles et universités en France.
«C’est bien que ce genre d’initiatives existent pour que les gens réagissent», note Morgane, 18 ans, élève en L1 en Cycle universitaire préparatoire aux grandes écoles (CUPG). La publication de ces remarques anonymes est également saluée par l’université Paul-Sabatier (UPS). «Elles ne peuvent que sensibiliser face au sexisme, qui peut avoir un impact sournois sur l’orientation des étudiantes et la carrière des enseignantes. Subissant une pression, ces femmes peuvent s’isoler et décider de changer de filière et de profession», affirme Catherine Armengaud, chargée de mission égalité femmes-hommes au sein de la faculté.
Pour lutter contre le sexisme, elle entend promouvoir la mixité entre les femmes et les hommes dans les filières en mettant en place une série de mesures. Parmi elles, des rencontres individuelles entre diplômées et étudiantes le mercredi 8 mars, à l’occasion de la journée de la femme. «Les stéréotypes sont tellement ancrés que les femmes ont du mal à s’identifier à certaines professions. Aussi par cette action, il s’agit de dire que toutes les formations sont ouvertes à toutes.» Certaines disciplines en sciences fondamentales (mécanique, physique) se distinguent par un taux de féminisation bas, contrairement à la filière pharmacie qui compte 72% d’étudiantes.
L’université a également instauré “le refus du 0%”. Catherine Armengaud s’explique : «Depuis mars 2016, nous n’acceptons plus les jurys de thèse et les habilitations à diriger des recherches unisexes, sous peine de ne pas délivrer les diplômes.» Une menace qui semble porter ses fruits puisqu’à l’heure d’un premier bilan, la consigne a été respectée.
Audrey Sommazi
La rédaction
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