DECEPTION. Dans quelques jours, au Zénith, l’association Fabrique Opéra de Toulouse devait présenter Carmen… mais le projet vient de tomber à l’eau pour des raisons financières. Les organisateurs locaux et l’association nationale semblent s’être mal compris quant aux enjeux du projet.
« 400 étudiants et de nombreux bénévoles ont travaillé dur pour que des artistes de renommée internationale puisse jouer Carmen, l’opéra de Bizet, mais tout est fichu », se lamente Jean-Claude Boussemat, président de l’association toulousaine ex-Fabrique Opéra, organisatrice du projet. L’objectif était d’impliquer des jeunes issus de formations professionnelles, dans la conception d’un opéra, en les rendant acteurs à travers leurs compétences. Mais le 11 avril, un communiqué annonçait l’annulation des quatre représentations prévues « à la suite de la décision de la Fabrique Opéra nationale de rompre unilatéralement la convention qui les unissait. » La maison-mère de Grenoble ne nie pas avoir mis un terme aux relations avec sa franchise mais précise que l’équipe toulousaine avait été prévenue en juin dernier de l’importance démesurée de la masse salariale mobilisée pour le projet. « Ils souhaitent que nous organisions des opéras de prestige sans rémunérer les participants ? Ils nous ont demandé de ne rémunérer personne. Ce n’est pas dans nos habitudes ! Alors oui, nous avons payé les artistes », répond Jean-Claude Boussemat. Ainsi, le 29 janvier, la Fabrique Opéra nationale a signifié, par lettre recommandée, la fin du partenariat unissant les deux structures. Cela entraîne l’interdiction pour l’association toulousaine d’utiliser le nom du réseau.
« Ils souhaitent que nous organisions des opéras de prestige sans rémunérer les participants ? »
Mais trop tard, toute la communication a déjà été lancée. « Nous avons imprimé les affiches et diffusé des visuels avec le logo et l’aval de la maison-mère. Pour continuer, il faudrait alors tout refaire sous peine de poursuite judiciaire, et nous n’en avons pas les moyens », explique le président de l’association toulousaine. Ne bénéficiant plus de l’appui financier promis, la structure locale se trouve d’ores et déjà en cessation de paiement. Pour les responsables de l’entité nationale, il n’était plus question d’honorer les engagements pécuniaires dès lors que la franchise ne respecte plus le contrat initial : « Les jeunes doivent rester les premiers concepteurs de la réalisation des éléments de mise en scène et la dynamique doit rester associative. La gestion des responsables du projet toulousain n’est en rien conforme avec la manière dont on gère une production sous le nom La Fabrique Opéra », confie un dirigeant au siège national de Grenoble à nos confrères de France 3 Midi-Pyrénées. Aujourd’hui, l’association nationale demande le remboursement des 25 000€ avancés, ce que déplore Jean-Claude Boussemat : « si nous allions au bout du projet, nous cumulerions 200 000€ de dettes. J’ai voulu éviter le gouffre financier, comme à la Fabrique Opéra de Marseille. » Cette dernière, malgré les mêmes avertissements de l’entité nationale, a tenu à maintenir les spectacles, générant 180 000€ d’impayés. S’il ne portera pas ce projet sous le nom de Fabrique Opéra, Jean-Claude Boussemat dit ne pas baisser pas les bras : « Nous pensons créer une nouvelle association et nous discutons avec le Rectorat pour organiser un opéra-concert. » En attendant, il se réserve le droit de porter l’affaire en justice pour rupture abusive de contrat.
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