FRAUDE. Les travailleurs du bâtiment et des travaux publics vont devoir montrer patte blanche. La carte d’identification professionnelle des salariés du BTP débarque au premier trimestre sur les chantiers d’Occitanie.
«En 10 ans, les travailleurs étrangers détachés (employés originaires de l’Union européenne travaillant en France aux conditions salariales de leur pays, ndlr) ont été multipliés par 10 dans le département. Nous ne sommes pas contre mais il est important que ces salariés travaillent en toute légalité et dans des conditions décentes. Nous défendons une concurrence saine et loyale. Aujourd’hui, 2 200 travailleurs détachés sont déclarés dans le département et l’on suppose que 2 000 autres ne le sont pas», constate Frédéric Carré, président de la Fédération du BTP de Haute-Garonne qui compte 600 entreprises adhérentes.
Pour mettre un terme au travail illégal, la profession réclamait depuis plusieurs années la mise en place d’une carte d’identification professionnelle des salariés du BTP. C’est désormais chose faite. Puisque les premières d’entre elles vont être déployées dès le mois de février en Occitanie. Le président de la Fédération de Haute-Garonne se félicite de «cette prise de conscience des pouvoirs publics.»
Cette carte, qui comprend des données personnelles du salarié et des informations relatives à l’employeur, est équipée d’un QR code relié à une plateforme informatique. Elle permet aux chefs d’entreprise, aux inspecteurs du travail et aux agents des douanes de contrôler instantanément les salariés en flashant le code de la carte. «Ce n’est pas l’unique outil pour lutter contre le travail illégal», ajoute Frédéric Carré, qui est aussi le chef d’une entreprise employant 200 personnes. La fédération a instauré une charte éthique Ethibat pour inciter les professionnels à un comportement vertueux. Quelque 200 entreprises labélisées se sont engagées à privilégier l’emploi local, à contribuer à la protection de l’environnement et au développement de l’économie durable tout en garantissant des conditions de travail légales (contrats de travail, heures supplémentaires payées…)
De son côté, Frédéric Pradal préconise en parallèle de responsabiliser les donneurs d’ordre. Ce professionnel du bâtiment a créé la plateforme numérique Bati Vigie. Promoteurs et collectivités locales mandatent sur le chantier un opérateur d’une société de contrôle qui, muni d’un smartphone connecté à la plateforme, vérifie les informations administratives des entreprises et du personnel. En cas de problème, des courriels sont envoyés aux maîtres d’ouvrage qui ont 48 heures pour régulariser les situations. Dans le cas contraire, l’entreprise s’expose à perdre de futurs contrats. Depuis sa mise en place en 2015, 4 000 chantiers ont été réalisés sur des sites sous contrôle Bati Vigie.
Audrey Sommazi
La rédaction
Le Journal toulousain est un média de solutions hebdomadaire régional, édité par la Scop News Medias 3.1 qui, à travers un dossier, développe les actualités et initiatives dans la région toulousaine. Il est le premier hebdomadaire à s'être lancé dans le journalisme de solutions en mars 2017.
Voir les publications de l'auteur
Commentaires