MAESTRO. Réputé pour sa verve qu’il entretient aussi bien dans un tribunal qu’à l’extérieur, le ténor du barreau toulousain est bien connu des palais de justice et bien au-delà. Après 47 ans de carrière, il revient sur toutes ces choses qui ont fait de lui l’avocat qu’il est aujourd’hui.
« La vigilance d’un marin et le courage d’un soldat ! » C’est ainsi que Georges Catala définit sa profession d’avocat. Irrémédiablement attiré par la défense du plus faible, il connaît rapidement l’envie de plaider. « Tout a commencé dans le village où je passais régulièrement mes vacances. Là, les enfants de familles de gitans sédentaires se faisaient quotidiennement insulter par le groupe d’adolescents dont je faisais partie. Naturellement, j’ai défendu ces familles car je les ai senties en position de faiblesse », se rappelle-t-il. Cette manière d’entrevoir le métier d’avocat restera son leitmotiv tout au long de sa carrière : « quand les libertés sont bafouées, l’avocat sort ses griffes ! Beaucoup se lancent dans le métier dans l’espoir d’une reconnaissance sociale, parce que cela fait bien de se faire appeler « maître », mais s’ils ne gardent pas à l’esprit qu’ils sont là pour défendre cette ligne rouge, ils n’ont rien à faire au barreau ! » L’homme est catégorique dans ses propos, ce qui l’a d’ailleurs mené à choisir sa spécialité, le pénal : « la police, le procureur, l’instruction… constituent une machine de guerre dont la dynamique est de trouver un coupable. L’avocat représente alors l’empêcheur de tourner en rond, comme dans l’affaire d’Outreau. Bref, je suis un emmerdeur et le jour où je courberai l’échine, je ne serai plus avocat ! » Il aime à clamer qu’il est le bouclier du citoyen contre l’arbitraire, position qu’il illustre par l’affaire Viguier, celle qui l’a le plus marqué : « pendant 10 ans, nous avons subi le diktat des juges qui ont fait de mon client un présumé coupable et non un présumé innocent. » Et pour se faire entendre, il use d’un véritable jeu de comédien : « Pour ne pas que le jury décroche, il faut être dynamique, avoir le verbe haut et attirer l’attention. Cela peut effectivement s’apparenter à la Comedia del arte. »Mais si ses plaidoiries revêtent la forme d’une tirade théâtrale, elles sont aussi profondes que vigoureuses : « il faut mouiller le maillot », expression qu’il affectionne, en cause peut-être son passé de rugbyman.
« Le jour où je courberai l’échine, je ne serai plus avocat ! »
Ce sport a bercé son enfance et est devenu une réelle passion : « J’aime l’idée de sacrifice, l’excellence des rapports entre les gens qui s’affrontent, la mentalité qui conduit deux hommes qui se sont battus l’un contre l’autre à prendre un verre après le match, bref l’expérience de la vie. » Il a lui-même pratiqué. Perpignanais d’origine, il évoluait plus jeune en 2e division, puis à l’USAP (club de Perpignan). Ralliant Toulouse dans les années 1960 pour effectuer ses études de droit, il joue alors en universitaire puis au Palais. Et s’il n’a pas vraiment d’équipe favorite, il aurait quand même souhaité qu’Oyonnax soit Champion de France : « Je suis du côté des plus faibles et de ceux qui se battent. » Mais le ballon ovale n’est pas sa seule passion, « j’aime aussi la peinture ! » Attiré par l’impressionnisme, l’expressionnisme et le cubisme, Georges Catala aime les toiles qui vivent, les peintures de mouvements, les tableaux qui transpirent la joie. Il compare d’ailleurs le travail d’un peintre à celui d’un avocat : « mettre des couleurs, élaborer des perspectives, donner de l’émotion, tout cela se retrouve dans les deux professions, à la différence que quand le magistrat a terminé, il ne reste rien, tandis que le peintre laisse un chef d’œuvre. » Fasciné par cet art qui « me fait grandir, m’enrichit », il aime à pénétrer dans un atelier pendant que le peintre crée, saisir cet instant si particulier. Lui a décidé de tenter plutôt le maniement de la plume en publiant un premier ouvrage « Silence, on juge ! » en 2008 : « J’ai aimé cet exercice et j’ai d’autres idées dans le tiroir que je coucherai bientôt sur le papier. » Un nouveau projet donc pour cet homme pour qui l’inactivité semble être un gros mot.
« Silence, on juge »
Paru aux Editions Privat en octobre 2008, « Silence, on juge ! » a été co-écrit avec le journaliste toulousain Philippe Motta. Georges Catala y revient sur les grandes affaires criminelles qui ont marqué le Sud-Ouest. De la disparition de la petite Marion, à l’affaire Birague, en passant par l’assassinat d’Habib Grimzi.
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