EXPÉRIENCE – À l’heure où la société vieillit, des structures d’un nouveau genre réunissent enfants et personnes âgées dans les mêmes lieux de vie. C’est le cas de la crèche mutualiste Les Mini-mômes qui place le vivre ensemble au cœur de son fonctionnement. Une première à Toulouse.
Par Émilie Lopes
Depuis 2015, la crèche mutualiste Les Mini-mômes a ouvert ses portes au sein même de la clinique des Minimes, qui accueille des personnes âgées. Le lieu se veut être le trait d’union entre deux générations. «Il y a plusieurs temps où ils sont associés. Les enfants les plus grands se joignent aux personnes âgées pour les repas. Il y a aussi un jardin partagé et une pièce de vie où différents ateliers sont proposés», rapporte la directrice Stéphanie Lagarde.
Gérée par la Mutualité française de Haute-Garonne, la crèche a été pensée pour favoriser la proximité des lieux de vie et les rencontres, aussi bien à l’intérieur des bâtiments que dans le jardin accessible à tous. Le personnel de la clinique intervient souvent dans les activités des enfants. Une animatrice est d’ailleurs spécifiquement chargée de faire le lien entre les deux générations.
En France, ce type de crèche pullule : Paris, Lyon, Montpellier, Saint-Étienne, Saint-Maur-des-Fossés Tourcoing, Gourdon… La liste est longue. Et pour cause. « L’impact est très positif. Les échanges sont riches. Cela participe au développement de l’enfant. Par exemple, pour les petits qui n’ont plus leurs grands-parents, c’est très bénéfique. Ils retrouvent un peu ce lien. Les seniors, eux, profitent de la joie de vivre des enfants et goûtent à un certain dynamisme. Nous avons des retours très concrets de la part du personnel », poursuit la directrice.
L’impact serait également positif pour les personnes âgées. Selon plusieurs études, le lien intergénérationnel permettrait d’agir dans la maladie d’Alzheimer. Depuis plus d’un an, l’unité Alzheimer de l’EHPAD La Charmille de Saint-Quirin et l’Institut thérapeutique éducatif et psychologique (ITEP) de Lettenbach en Moselle expérimentent une collaboration entre des adolescents et des malades. Ils interagissent au sein d’un jardin thérapeutique. Tandis que les liens se tissent, les souvenirs refont surface et la confiance renaît.
Plus globalement, le lien intergénérationnel est au cœur de nombreuses problématiques. En Belgique par exemple, la Fondation Roi Baudouin (FRB), connue pour ses actions en faveur de la cohésion sociale et la lutte contre la précarité, constate que les différentes expérimentations ont des objectifs variés comme la rencontre conviviale, la transmission d’expériences, de savoir-faire et de mémoire, les réalisations communes ou le vivre ensemble. Dans son rapport, la Fondation conclut « par leur multiplication. Les actions intergénérationnelles représentent un facteur non négligeable de maintien de la cohésion sociale entre les générations, même si elles ne concernent encore pour la plupart que des publics réduits. »
En France, ces liens se sont développés ces dernières années bien souvent à travers notre vie de tous les jours, que ce soit à la sortie des classes pour les uns ou pour porter un panier de provisions pour les autres. Il n’est plus rare de voir des annonces de colocations de seniors qui désirent vivre avec des jeunes ou même des propositions de soutien scolaire de la part des personnes âgées. Aux Minimes, la directrice prépare en ce moment les sorties de fin d’années et les prochaines fêtées dont celle de Pâques où petits et grands pourront partir ensemble chasser les œufs.
Commentaires