Cette semaine, le JT s’est glissé dans les coulisses de l’INA Pyrénées, parmi les milliers de films et cassettes qui y sont archivés. L’occasion de découvrir que la mémoire audiovisuelle du Sud-Ouest ne fait pas que dormir. Loin de là.
©FranckAlix/JT
Plonger dans les coulisses de l’INA Pyrénées, est un coup à dépoussiérer pour de bon l’image des archives. Alors qu’on s’imaginait déambuler à travers d’obscurs souterrains, la visite commence dans de vastes espaces au troisième étage de l’Arche Marengo. Un brin trop vastes même, à priori. « C’est vrai que c’est calme aujourd’hui mais en règle générale, entre les formations et les gens qui viennent pour des projets de recherche, il y a toujours du monde ici », assure avec un grand sourire Hélène Bettembourg, déléguée régionale de l’INA Pyrénées. Installée à Toulouse en 1984, dans le cadre de la vague de décentralisation, l’antenne régionale a emménagé en 2004 dans ce bâtiment prévu comme le grand pôle de l’audiovisuel de la ville.
Dès l’accueil, un poste de consultation donnant accès à l’immense fonds conservé dans le cadre du dépôt légal de l’INA au niveau national est à disposition sur rendez-vous. Plus loin, dans une salle, deux élèves du BTS audiovisuel du Lycée des Arènes visionnent des images avec leur professeur pour un projet d’étude. Arrive ensuite la régie technique de Bernard Dutrieux, véritable mémoire des lieux. Dans son “antre”, rempli d’écrans et de consoles, ce dernier numérise les images à la demande des clients, principalement France 3. « Je passe ma journée devant les écrans. Avec les réductions de moyens, le Journal télévisé utilise énormément d’archives. Récemment, quand les avions n’ont pas pu décoller à cause du vent, ils ne sont pas allés sur place et nous ont demandé des images datant de 2009 où il y avait eu le même phénomène », raconte le technicien. Sur l’écran principal, il fait défiler un montage d’images fortes liées à Toulouse. On y voit Claude Nougaro, interviewé chez lui ou encore le premier reportage après l’explosion d’AZF. « Nos plus vieilles archives datent du début des années 1960. C’est marquant de voir dans les Journaux télévisés de l’époque à quel point l’ironie des journalistes était bien plus tranchée qu’aujourd’hui », note Bernard Dutrieux.
Au total, l’INA Pyrénées, qui couvre également les zones de Bordeaux et Montpellier, stocke plus d’un million d’heures d’archives, issues en grande majorité de l’ORTF et France 3. Pour voir concrètement ce que cela représente, direction le quatrième étage. C’est là, dans ces trois immenses salles remplies d’armoires coulissantes de huit mètres de long, que dort la mémoire du Sud-Ouest. Il y est bien sûr question de rugby, d’aéronautique et de langues régionales mais parmi les milliers de films et de cassettes se trouvent aussi les premières télévisions de Benoît Hamon ou Zinédine Zidane. En piochant au hasard, on tombe également sur des incongruités comme un sujet sur les nudistes du Tarn. Au plafond, un dédale de gros tuyaux permet de combiner les deux éléments essentiels à la conservation : une température de 18 degrés et un taux d’humidité de 50% au maximum. Le long des armoires, c’est aussi l’évolution technologique qui défile ; pellicules 16 mm, cassettes Betacam… La numérisation, terminée pour les films, est encore en cours pour les cassettes. Tous les six mois, 30 caisses sont envoyées à Paris avant de retourner à Toulouse. « Au-delà de 2016, tout est 100% dématérialisé. Nous n’aurons pas de problème de place », précise Hélène Bettembourg.
Mais à l’INA, les archives ne sont pas là que pour être bichonnées, elles ont une vie propre. « Notre mission évolue de plus en plus vers un travail éditorial. Dans une ère d’abondance d’images, nous devons aller vers la pertinence des contenus et mettre en valeur notre fonds en anticipant par exemple les grandes dates anniversaires », affirme la déléguée régionale. La structure est ainsi particulièrement active dans l’écosystème audiovisuel régional. En plus des mardis de l’INA, elle est régulièrement sollicitée pour des événements comme récemment lors d’une soirée dédiée à la piste des géants (projet culturel à Montaudran). « L’intérêt est très fort pour les archives, surtout régionales. Dans un univers globalisé, il y a un retour à l’identité culturelle », analyse-t-elle. De son bureau avec vue sur les futurs Ramblas, Hélène Bettembourg découvre un mail reçu à l’instant. D’anciens ouvriers de l’usine Pechiney de Marignac souhaitent récupérer des images du conflit de 2001 en vue du centenaire de l’usine. La mémoire a décidément de l’avenir.
Exergue : « L’intérêt est très fort pour les archives, surtout régionales. Dans un univers globalisé, il y a un retour à l’identité culturelle »
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