Laïcité. Déployé à l’échelon national, le nouveau diplôme d’université ‘Droit et Religions’ sera enseigné dès septembre 2015, regroupant les trois grandes religions monothéistes dans un même établissement.
Par Simon Pialat
Evoqué après l’affaire Merah, le DU ‘Droit et Religions’ débarque à l’UT1 Capitole et dans d’autres universités françaises. Visant à former au droit relatif à l’exercice d’un culte religieux, il traitera aussi du Droit français avec une approche historique sur les lois laïques de 1905, et sera principalement centré sur les religions juive, chrétienne et musulmane. ‘Droit et Religions’ tendra à développer des pratiques chez les prédicateurs, salariés d’entreprises ou encore personnels des administrations. Ne nécessitant aucun prérequis académique, cette formation diplômante se déroulera sur une période de sept mois et sur un volume de 133 heures. Son instauration témoigne de la volonté du ministère de l’Intérieur et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche de ne plus laisser la religion à l’écart. Rien de plus logique, donc, que d’inscrire cette formation dans le cadre d’une collaboration et de partenariats avec l’Institut Catholique de Toulouse, le Conseil Régional du Culte Musulman (CRCM) et le Conseil Représentatif des Institutions juives de France (CRIF) – Midi-Pyrénées. S’il existe déjà des formations axées sur la religion, les instigateurs entendent démarquer ce diplôme d’université par un public ciblé adulte et actif, ainsi que par le ‘melting pot’ attendu.
« Une montée du fait religieux »
«Nous voulons quelque chose de très ouvert et de très transversal alors que dans les formations classiques, le public attendu est très homogène», explique Bruno Sire, président de l’UT1 Capitole. Il est question de communiquer en y instaurant dialogue et tolérance, face à un climat parfois plus sensible en dehors de l’échelon universitaire. «Ce contexte lié aux attentats a effectivement servi de révélateur. On découvre qu’au XXIème siècle, il y a une montée du fait religieux qui rappelle que des gens ont envie d’exercer un culte. Nombre de personnes sont désemparées face à cela, puisque nous n’avons plus en France de religion officielle depuis longtemps», explique le président de l’université toulousaine, faisant référence à la séparation de l’Eglise et de l’Etat et à «une vague de déchristianisation» dans le pays. Sollicité par le préfet, il a immédiatement répondu à l’affirmative quant à la mise en place de cette formation. «En tant que service public, c’est l’une de nos missions que de répondre à un besoin sociétal». Et ce face à «un climat d’intolérance lié à une méconnaissance du droit religieux et des grandes religions du monde, puisque lorsque l’on ne connaît pas les choses, on a tendance à les rejeter. Or, la France ne se construira pas sur le rejet.» Des débats au sein même de l’Education nationale tendent à proposer une initiative comparable au sein des collèges et des lycées. Pour autant, mêler la religion à l’enseignement n’aurait rien de contraire à la laïcité. «Cette dernière signifie que la République n’a pas de religion officielle. Or, les lieux publics ne sont pas des lieux de prière, et nous n’en avons pas dans les universités.»
La rédaction
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