« Le Taureau, notre culture. » Le message des publicités déployées dans les rues de Toulouse par l’Union des villes taurines françaises ne plaît pas à tout le monde.
© UVTFDepuis quelques jours, des dizaines d’affiches représentant un taureau de combat sur un fond ocre jaune sont apparues dans les rues de la Ville rose. Sur ces grands encarts publicitaires déployés par l’Union des villes taurines françaises (UVTF), encadrant la bête en lettres capitales, s’étend le message : « Le Taureau, notre culture. » Une formule qui fait réagir les militants anti-corrida et ceux du groupe local du parti Europe écologie-les Verts.
« Nous contestons et nous dénonçons cette campagne qui laisse entendre de manière trompeuse que la tauromachie fait partie de la culture toulousaine », lance Patrick Maury, l’un des porte-parole du groupe EELV-Toulouse qui a demandé son retrait et souhaite alerter l’opinion publique. « La ville de Toulouse a tourné le dos aux corridas de longue date et nous nous en félicitons. Elles ne se sont tenues que durant 23 ans entre 1953 et 1976. Par ailleurs, Toulouse n’est pas membre de cette UVTF, or cette affiche pourrait laisser penser que c’est le cas », ajoute le militant écologiste. De son côté, le mouvement No Corrida dénonce sur Twitter une « odieuse campagne de propagande » et a enjoint ses adhérents a écrire aux maires des villes concernées pour manifester leur désapprobation.
« Toulouse ne fait pas partie des villes où se pratique la corrida »
« Je n’ai reçu qu’un seul mail d’une personne ne se reconnaissant pas dans la culture taurine. Quoi qu’il en soit, autoriser ou non une campagne de communication réalisée par un annonceur privé ne relève pas de la compétence du maire », tempère Jean-Michel Lattes, premier adjoint en charge de la promotion de la culture et de la langue occitane, et aficionado. Selon lui, la polémique autour de ces affiches est un non-sujet. « Toulouse ne fait pas partie des villes où se pratique la corrida et il n’y a aucune actualité ni le projet d’un tel événement sur son territoire. »
« Cette campagne ne se limite pas à Toulouse. Elle couvre les trois grandes régions du Sud et leurs métropoles qui sont toutes reconnues par la loi comme territoire de tradition taurine », précise André Viard, ancien matador et président de l’Observatoire national des cultures taurines. « Ces régions regorgent de clubs taurins. La vie culturelle autour de cet animal y est intense. C’est un clin d’œil que nous leur faisons, en même temps qu’une manière de réaffirmer la fierté que nous éprouvons de partager cette tradition », détaille-t-il.
« La présence d’aficionados ainsi que de restaurants ou d’expositions dédiés à la tauromachie constituent un fait culturel. Qu’il y ait des spectacles taurins ou non. Nous pouvons d’ailleurs constater un regain des traditions. Celles-ci peuvent passer par le vin, la nourriture ou des événements taurins », confirme l’adjoint au maire. L’élu voit dans les actions à l’encontre de ces publicités, une forme de « police de la pensée qui dénote une volonté d’imposer sa manière de penser en dehors du droit ». Les affiches devraient rester visibles jusqu’au mois d’août.
Nicolas Belaubre
Nicolas Belaubre a fait ses premiers pas de journaliste comme critique de spectacle vivant avant d’écrire, pendant huit ans, dans la rubrique culture du magazine institutionnel ‘’à Toulouse’’. En 2016, il fait le choix de quitter la communication pour se tourner vers la presse. Après avoir été pigiste pour divers titres, il intègre l’équipe du Journal Toulousain, alors hebdomadaire de solution.
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