Expéditeur : Eric Lacassagne. L’avocat toulousain est un ancien membre du PRG (Parti Radical de Gauche) et l’ex-colistier de Jean-Pierre Plancade lors des dernières élections municipales, n’a pas dit son dernier mot en politique. La preuve : Il vient de lancer un nouveau club de réflexion sur les enjeux de notre métropole, « Cap Toulouse ». Son confrère Jean-Paul Bouche fait aussi partie de l’aventure.
Destinataire : Najat Vallaud-Belkacem. On l’a connue porte-parole de Ségolène Royal en 2007, puis de François Hollande en 2012. Après avoir été ministre de la Ville et des Sports, elle est désormais le ministre de l’Education nationale du gouvernement Valls II.
Madame le Ministre,
Vous avez inauguré cette semaine votre première rentrée à la tête du ministère de l’Education nationale et je profite de la tribune qui m’est offerte pour vous adresser tous mes vœux de réussite dans une tâche qui s’annonce des plus difficiles. Comme bon nombre de vos prédécesseurs, vous aurez à cœur, j’en suis persuadé, d’associer votre nom à une loi qui marquera notre système éducatif. A l’heure où notre République et notre démocratie sont la proie de certains extrémismes et communautarismes, l’occasion vous est peut être donnée d’œuvrer de façon significative pour le renforcement de l’un des grands principes de notre enseignement républicain : la laïcité. Vincent Peillon a mis en place en 2013, et je m’en félicite, une charte de la laïcité désormais présente dans tous les établissements scolaires.
Dans le prolongement de cette initiative, des cours de « morale laïque » devraient normalement être dispensés dès la rentrée 2015. Même si je n’approuve pas le choix du terme « morale laïque », je salue cette initiative qui n’est malheureusement plus suffisante.
Nous assistons régulièrement à une évolution significative des remises en cause de la laïcité dans tous les niveaux d’enseignement y compris dans le premier degré.
Contestations de certains contenus d’enseignement, signes ostentatoires, attitudes discriminatoires à l’égard des femmes, agressions en raison d’appartenance religieuse, actes racistes… Ces attitudes ont des origines multiples et ne concernent pas qu’une religion en particulier. Il est urgent d’agir avant que d’autres n’agissent dans le mauvais sens.
Victor Hugo écrivait, je cite, « La liberté est un droit, l’égalité un fait et la fraternité un devoir.» J’ajouterai que la laïcité est les trois à la fois. N’est-il pas alors temps d’aller plus loin dans cette volonté de renforcer la place de la laïcité au cœur même de tout notre système éducatif ? Pour tout citoyen, l’école de la République est le premier lieu d’apprentissage du vivre ensemble. L’école est sacrée, non au sens religieux du terme, mais au sens que l’institution elle-même, ses personnels et les élèves qu’elle accueille, doivent être protégés de tout ce qui pourrait porter atteinte à leur liberté de conscience, de tout prosélytisme ou de toute pression qui les empêcheraient de faire leurs propres choix, de toutes les violences et de toutes les discriminations. L’article 10 de la charte de la laïcité indique qu’il appartient à tous les personnels de l’Education nationale de transmettre aux élèves le sens et la valeur de la laïcité. Nous avons la chance d’avoir en France des chefs d’établissement et un corps enseignant de qualité, à la hauteur de cet objectif. Donnons-leur alors réellement les moyens, non seulement d’enseigner vraiment la laïcité, mais surtout de la faire respecter et de pouvoir sanctionner toute atteinte qu’elle pourrait subir. Faisons de la laïcité à l’école autre chose qu’un principe ou qu’une matière et offrons à nos élèves et à leurs parents une véritable « trousse à outils » laïque afin de les aider et de les protéger au quotidien.
J’ai conscience qu’une telle démarche est risquée.
Mais les Français attendent de leurs politiques du courage et la situation actuelle vous oblige à en faire preuve.
Je vous souhaite de tout cœur d’être à la hauteur de nos espérances face à ce défi.
Commentaires