NOIR – Symbole de tristesse et de malheur, les corbeaux n’ont pas bonne réputation. Chassés sans ménagement durant des années, ces oiseaux à plumes sombres ont fait leur réapparition en nombre dans Toulouse. Ces corvidés nous préparent-ils un remake toulousain des « Oiseaux » d’Alfred Hitchcock ?
Ils font planer leur ombre au-dessus de la Ville rose… On parle bien ici de l’animal et non pas de l’auteur d’obscures lettres anonymes. Depuis les temps anciens, la famille des corvidés agite l’imaginaire des hommes. Respectés dans les rites de nos ancêtres païens, les corbeaux sont passés du statut de star à celui de pestiférés.
Ne serait-ce pas lui qui s’envola du bras de Noé pour ne jamais revenir, contrairement à la blanche colombe rentrant avec une branche providentielle au bec ? Avec un goût prononcé pour la viande, il n’en fallait pas plus à notre charognard pour être associé aux lieux de supplices et à la mort.
Ce dernier est souvent représenté se délectant sur les champs de bataille ou accompagnant un vieil épouvantail dans un champ défraichi. Mais pourquoi ces derniers ont-ils délaissé les campagnes pour nos villes ? En effet, n’en déplaise à Jean de La Fontaine, il n’est pas surprenant d’entendre le croassement de ces volatiles résonner dans la Ville rose. Le fromage au bec en moins.
Pour autant, leur présence en ville reste discrète. « Je n’avais pas vraiment remarqué qu’il y en avait ici », constate Martin, un étudiant toulousain. Frédérique, elle, est « sûre d’avoir croisé la route des corbeaux plus d’une fois ». Cette dernière s’est d’ailleurs demandée ce qu’ils pouvaient bien « fabriquer en ville plutôt qu’à la campagne ».
Il ne faut pourtant pas s’y méprendre. Ce n’est certainement pas le célèbre mais discret corbeau que l’on voit dans nos rues. « En réalité, les gens n’ont pas vu beaucoup de corbeaux dans leur vie », précise Gaby Becker, président de l’Entente toulousaine ornithologique. « Les corbeaux vivent plus dans les montagnes et les corneilles, plus petites, par couples. Ici, ce sont des choucas des tours. »
Relativement petit (une trentaine de centimètres), le choucas des tours vit, comme son nom l’indique, dans les tours, les ruines, les maisons, les vieilles églises, etc. Reconnaissable à sa tête aux reflets gris et à son cri très aigu, notre corvidé modèle réduit vit dans des colonies qui peuvent regrouper plus d’une cinquantaine d’individus.
Peu farouche, il trouve sa nourriture en abondance dans nos déchets qu’il agrémente de souris et d’insectes. Sans le faucon, son prédateur naturel, le choucas des tours prospère en ville. Alors pas de panique si vous les voyez tourner près de chez vous, c’est à vos poubelles qu’ils en veulent.
Louis Rayssac
La rédaction
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