COTILLONS. 5, 4, 3, 2… Pas si vite ! De nos jours, même le traditionnel et bon enfant réveillon du Nouvel An est remis en question. Peur du temps qui passe, individualisme ? Le JT se demande pourquoi fêter la Saint-Sylvestre fait office de figure imposée.
Depuis début décembre, voire beaucoup plus tôt selon le niveau d’organisation, la question ne cesse de fuser de toutes parts. À l’approche du réveillon du Nouvel An, les coups de fil s’intensifient, les plans s’échafaudent et une certaine pression monte, comme l’impression que fêter le Nouvel An devient une corvée. « C’est significatif de ce qui tourne pas rond dans notre société. Oui, il y a une forme de pression sociale sur la soirée du 31 décembre mais c’est inévitable. Je ne sais pas depuis quand on fête le Nouvel An, mais il doit bien y avoir une tradition dont nous sommes les héritiers », s’emballe Fabien.
Si l’on fête la nouvelle année depuis l’Antiquité, c’est en 46 avant notre ère que Jules César choisit pour date le 1er janvier. Les Romains dédiaient ce jour à Janus, le dieu représenté avec deux têtes, l’une regardant vers l’avant, l’autre vers l’arrière. Et celui qui saluait l’arrivée du premier janvier en s’amusant et en faisant bonne chère passerait à coup sûr une année heureuse et prospère. Aujourd’hui encore, ce passage symbolique entre la fin d’un cycle et le début d’un nouveau est propice à toutes les superstitions.
Des anti-réveillons s’organisent et sur les réseaux sociaux les boycotteurs s’affirment haut et fort. Certes, dans un climat général décliniste, il paraît difficile de se réjouir de l’arrivée d’une année dont on doute qu’elle soit meilleure que la précédente mais est-ce une raison valable pour bouder les incontournables chenilles, décomptes et autres embrassades générales ? «Ces figures imposées du réveillon, c’est tout ce qui m’énerve, on a l’impression de se forcer. Les meilleures fêtes sont celles que l’on improvise, celles dont on n’attend pas que ce soit LA grande soirée», avance Léa, étudiante.
C’est aussi que nous vivons dans un monde ultra-connecté fait de followers et d’amis virtuels, comme l’analyse Anouar, apprenti sociologue à la fac du Mirail : «Il y a un besoin de se distinguer à tout prix. Or, ce n’est pas évident quand tout le monde fait la fête au même moment. Le rejet du Nouvel An est à la fois une attitude un peu snob de retrait du monde face à l’injonction supposée mais aussi un refus de la mercantilisation qui entoure l’événement. Tout se confond et une forme d’hystérie entre le fait de ne pas vouloir se plier aux normes et la peur de la solitude se dessine.»
De son côté, même si elle n’a rien contre Le Petit bonhomme en mousse ou le fait de faire la bise à des inconnus, Esther assure que pour pallier à l’impression d’obligation, il suffit de faire quelque chose à son image : « Je comprends qu’on puisse se sentir forcé parce que c’est glauque de ne rien faire quand tout le monde fait la fête mais pour moi, ça reste un moment que j’ai envie de partager avec des amis. Il faut juste se dire que c’est une soirée comme une autre sauf que tout le monde a choisi la même date. »
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