Certes, la mer n’est pas très loin, mais entendre des cris de mouettes à Toulouse provoque toujours une sorte de rictus. Ces oiseaux ont-ils perdu leur chemin, ou est-ce un effet secondaire du réchauffement climatique ?
« Je ne me suis jamais vraiment posé la question mais c’est vrai que, quand on y pense, c’est plutôt étonnant d’entendre des cris de mouettes à Toulouse », lâche Hervé, jeune professeur de français croisé sur le Pont-Neuf. Beaucoup de Toulousains n’y font peut-être même plus attention, pourtant il n’est pas rare, en traversant la Garonne ou en se baladant dans la Ville rose, de voir ce qui ressemble à des mouettes et donc surtout d’entendre ce cri si caractéristique qui donne soudainement des airs de cité portuaire.
« Les gens confondent globalement mais, à Toulouse, il y a bien deux espèces d’oiseaux d’origine marine qui sont installées : la mouette rieuse et le goéland leucophée », précise Sylvain Frémeaux, du groupe ornithologie de l’association Nature Midi-Pyrénées. Pour les distinguer, il suffit de se fier au triptyque taille, couleur, cri. Ainsi, la mouette est plus petite, a un plumage blanc, son bec et ses pattes sont rouge foncé, tandis que le goéland est gris et ses pattes peuvent aller du rose au jaune. L’une est connue pour son ricanement moqueur aigu alors que l’autre émet un couac strident, plus rauque, plus grave.
Si l’on pouvait imaginer que ces oiseaux de mer avaient adopté Toulouse pour sa convivialité et son cadre de vie idéal au cours d’un voyage entre la Méditerranée et l’Atlantique, le phénomène est en réalité des plus classiques. « Ce sont des espèces opportunistes qui ont une grande faculté d’adaptation. Elles tirent parti des fleuves et rivières et s’installent au fur et à mesure là où elles trouvent ce dont elles ont besoin. Ce même phénomène est visible dans beaucoup d’autres villes », explique le spécialiste.
Le réchauffement climatique n’est donc pas en cause. La présence de goélands leucophée est par exemple « avérée » à Toulouse depuis 1978. Le nombre exact de ces petits amis ailés est difficile à connaître mais l’association a tout de même identifié leurs lieux de prédilection, comme l’Hôtel Dieu où un couple de goélands a pris ses aises ou encore du côté d’Ikea où une colonie de mouettes rieuses s’est installée. « Ce n’est tout de même pas commun de pouvoir les observer, nous sommes donc vigilants au fait qu’elles ne soient pas trop dérangées », souffle Sylvain Frémeaux.
Si les mouettes ont tendance à la jouer groupé, les goélands, eux, sont plus dispersés et choisissent comme habitat des piliers de pont ou des toits plats, comme ceux des supermarchés. L’ornithologue connaît bien leurs habitudes : « Dans la journée, ils vont chercher leur nourriture à la campagne, dans les champs et les rivières, et ils reviennent le soir en ville.»
Et malgré quelques problèmes de cohabitation avec les oiseaux, certains Toulousains n’ hésitent pas à aller ensuite boire un coup au Cri de la Mouette
Commentaires
Christophe le 07/10/2024 à 22:03
Petite précision étymologique sur le terme Goéland. Il viendrait du breton gwelan qui dériverait de gwella = pleurer, en lien avec son cri plaintif.