Les 40 familles sans-abris qui occupaient le gymnase de Saint-Sernin, soutenues par l’association Droit au logement (DAL), ont obtenu des solutions pour tous, plus ou moins pérennes selon les situations. Aïda en fait partie. Entre l’hôtel où elle est hébergée et l’école où sont inscrites ses deux filles, la Sénégalaise raconte son parcours.
® Franck AlixIl y a quelques mois, Aïda était à Barcelone où elle vivait depuis une décennie et où ses filles de 9 et 7 ans sont nées. La jeune femme y a obtenu un diplôme d’aide aux personnes âgées. Une vie tranquille jusqu’à ce que son mari décide d’envoyer leurs filles au Sénégal. « Il ne veut pas que ses enfants aient une éducation occidentale. Notre fils de 14 ans est déjà dans un village isolé. Je ne voulais pas que cela se reproduise, alors je me suis enfuie. »
Elle arrive à Toulouse en août dernier, sur les conseils d’une connaissance qui lui trouve un logement. Et inscrit ses filles à l’école Fabre où elles sont parfaitement intégrées. « Mais le propriétaire a souhaité que l’on parte. J’ai appelé le 115 en vain, puis je suis allée voir une assistante sociale qui m’a conseillée de rentrer en Espagne et menacé de faire une signalisation si je dormais avec mes filles dans la rue », raconte Aïda.
C’est le directeur de l’école Fabre qui l’oriente vers l’association Droit au logement 31, avec qui elle a occupé le gymnase de Saint-Sernin. Aïda se porte d’emblée volontaire pour représenter les 40 autres familles et revendiquer leurs droits. « Le soutien de l’association et des gens de l’école m’a redonné du courage », explique la native de Dakar, où elle a grandi et commencé sa carrière professionnelle après un BEP de comptabilité.
Si elle estime aujourd’hui que ses filles ont plus de chances de poursuivre des études en Europe, Aïda n’a jamais vraiment choisi l’exil. « Je me débrouillais très bien à Dakar. Mais quand je suis venue voir mon mari qui habitait déjà en Espagne, il m’a empêché de repartir. » Dix ans plus tard, alors que ses filles sont en passe d’obtenir la nationalité espagnole, Aïda, qui pourra lancer les démarches pour elle-même en 2019, doit donc recommencer en France une nouvelle vie.
Enceinte de cinq mois, usée par la situation, celle qui se démène aussi pour faire revenir son fils ne demande aujourd’hui qu’un peu de stabilité. « Mes filles se plaisent à l’école, elles ont des copines. Leurs professeurs disent qu’elles sont très intelligentes. Elles parlent le wolof, l’espagnol, le catalan et déjà assez bien le français. Elles veulent simplement être des enfants normales. »
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