[Coulisses] À Aucamville, un policier sanctionné pour avoir pris la parole ?

Représailles. Après s’être exprimé dans nos colonnes en tant que représentant syndical pour défendre l’armement des policiers municipaux, le brigadier-chef principal Christopher Perez est menacé de mise à pied et de poursuites judiciaires par son maire, Gérard André.

Le 21 janvier dernier, Christopher Perez était à l’honneur de notre rubrique Lettre à…. Ce policier municipal à Aucamville s’exprimait en sa qualité de délégué départemental du Syndicat national de la sécurité publique (SNSP) pour inciter les maires haut-garonnais à armer leurs policiers municipaux. Une missive ouverte qui a suscité un très fort intérêt parmi nos lecteurs. Et même au-delà puisque plusieurs édiles ont apporté leur soutien au brigadier-chef principal. Dont celui de Balma, Vincent Terail-Novès.

En revanche, Gérard André a beaucoup moins goûté l’initiative. Le maire d’Aucamville – qui n’a pas répondu à nos sollicitions – a jugé le propos outrancier et diffamatoire. Il envisage une sanction administrative voire une poursuite judiciaire à l’encontre de son policier. «C’est une réaction inappropriée et inadmissible», s’élève Stéphane Poupeau, président national du SNSP, qui a écrit à l’élu pour lui faire part de son indignation. «Notre collègue s’est exprimé en tant que représentant syndical et non en tant qu’agent de sa commune. C’est un déni de la libre-expression syndicale. Si une sanction doit être prise, nous saisirons le tribunal administratif et nous pourrons même aller jusqu’au pénal.»

«C’est un déni de la libre-expression syndicale»

Hasard du calendrier, c’est justement ce jeudi que le conseil municipal d’Aucamville doit voter l’octroi de la protection fonctionnelle à Gérard André. Autrement dit, la démarche permettant à la municipalité de couvrir les frais judiciaires à venir s’il intentait une action. Et ce n’est pas une première pour celui qui a été président de la régie des transports Tisséo de 2010 à 2014. Le 20 octobre dernier, l’élu a demandé cette même protection fonctionnelle pour engager une procédure contre une association contestant le plan local d’urbanisme. «Un tract portant sur le développement de l’urbanisation, diffusé par le collectif Aucamville R+1, contient des propos et des accusations pour lesquels pourrait être envisagée la saisine du procureur de la République pour délit de diffamation», stipulait la délibération.

En attendant, Christopher Perez s’inquiète déjà d’un passage en commission de discipline et d’une éventuelle mise à pied. «Cela figurerait dans mon dossier et pénaliserait la suite de ma carrière», regrette l’intéressé. «Je suis en poste depuis neuf ans. Mon travail me plaît, ma commune aussi. Je n’ai jamais voulu d’ennui ou de conflit.» Sur le fond, les choses pourraient se décanter. «La mairie n’avait jamais répondu aux demandes formelles d’armement formulées par ses policiers, mais elle se dit aujourd’hui en réflexion», assure Stéphane Poupeau. Rappelant qu’il a lui-même été agressé verbalement et physiquement dans l’exercice de ses fonctions il y a un an, Christopher Perez continue de son côté à défendre l’armement des policiers municipaux.