MIXITÉ. Une récente enquête de l’Insee Occitanie dresse le portrait d’un marché du travail difficile d’accès pour les femmes mais aussi inégalitaire. Une situation en partie due aux filières d’études choisies par les jeunes filles. Pour l’association WAX Science, il est primordial de leur rappeler qu’elles peuvent, comme les hommes, devenir scientifiques.
«Lorsque nous demandons à des élèves de primaire de dessiner une personne scientifique, ils représentent quasiment systématiquement un homme », lâche Jérémie Chaligné, cofondateur de WAX Science, une association qui lutte contre les stéréotypes dans le domaine des sciences. Aux yeux des enfants, les scientifiques seraient donc avant tout des hommes.
Et, l’étude de l’Insee Occitanie, publiée le 21 septembre dernier, va dans leur sens. Selon l’organisme, les inégalités professionnelles entre les sexes perdurent. En ce qui concerne les moins de 30 ans, dans la région, l’Insee répertorie 19% de femmes cadres contre 30% d’hommes en 2013. Elles ont également un revenu inférieur de 20% (8% si l’on ne compte pas le temps partiel).
En cause notamment, les choix de carrière. «Filles comme garçons continuent d’emprunter des cursus encore très genrés. Les jeunes filles peinent à sortir des schémas sociétaux et à se positionner sur des parcours plus prometteurs en termes d’avenir professionnel », explique-t-il. Ainsi, en Occitanie, les filières L (Littéraire) et ES (économique et social) comptent respectivement 79% et 61% de filles. En revanche, elles sont minoritaires (47%) dans la série S (Scientifique).
« Filles comme garçons continuent d’emprunter des cursus encore très genrés. »
Et il en va de même après le Bac, «les filles plébiscitent les spécialités traditionnellement féminines, comme les lettres ou le droit ainsi que les formations paramédicales et sociales», indique l’Insee. Elles sont également peu nombreuses à intégrer des filières plus sélectives et reconnues, comme les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) et les écoles d’ingénieurs. «Ces cursus débouchent parfois sur des segments saturés du marché du travail ou conduisent à des perspectives professionnelles moins favorables », poursuit l’étude. Quant aux garçons, ils choisissent plus aisément des parcours scientifiques et techniques, plus porteurs sur le marché de l’emploi. Des études qui mènent également plus facilement vers des postes à responsabilité et mieux payés.
Pourtant, Jérémie Chaligné assure qu’il est important que des jeunes filles choisissent d’enfiler une blouse. « Lorsque des scientifiques, par exemple, travaillent en groupe, les stéréotypes individuels influencent fortement la réflexion. Si nous évoluons au sein d’une équipe mixte, il y aura une plus grande diversité de points de vue et cela est primordial dans ce domaine.»
Pour y remédier, WAX Science propose des ateliers, des expositions, des formations afin de rendre le rôle des femmes scientifiques plus visibles. Intitulé “les découvreuses anonymes”, un de leur projet consiste à mettre en valeur des femmes qui ont embrassé une carrière scientifique mais dont l’histoire n’est, par exemple, pas étudiée à l’école. «Cette absence d’exemples et de modèles féminins dans les sciences empêche les petites filles de se dire qu’elles ont le droit de faire ce type de carrière.»
D’après Jérémie Chaligné, le changement passe aussi par les mots. L’équipe s’applique ainsi à utiliser le langage inclusif lors de ses interventions : les noms des métiers sont déclinés au masculin et au féminin afin que les étudiants comme les formateurs prennent l’habitude de « dire et d’entendre physicien-physicienne et de penser que la mixité est possible.»
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