CASH – Placement dans des paradis fiscaux, soutien à des industries polluantes… Et si, comme pour les étiquettes de produits alimentaires, les banques affichaient clairement le contenu de leurs offres de placements bancaires ? Quand il s’agit de comprendre où va notre argent, la tâche est si ardue qu’elle décourage parfois. Pourtant, il est possible de reprendre le contrôle de son compte en choisissant de le faire fructifier au bénéfice d’entreprises ou d’associations qui nous tiennent à cœur. À l’occasion, de la semaine de la finance responsable qui se tient jusqu’au 5 octobre, le JT planche sur nos billets.
Lorsque l’on place son argent en banque, que devient-il ? Bien malin celui qui peut répondre avec certitude à cette question. Une fois le choix d’un placement fait par le consommateur, la banque investit une partie de cet argent pour financer des activités économiques.
À ce stade, le citoyen n’a plus la possibilité de savoir à quoi servent avec précision ses placements. Selon Lucie Pinson, chargée de campagne finance privée aux Amis de la Terre, «aucun reporting systématique et détaillé n’est mené par les banques pour déterminer avec exactitude les activités qu’elles financent. »
« Les banquiers n’évoquent pas les placements à objectifs non financiers. Il faudrait rendre cette discussion obligatoire »
D’après Gunther Capelle-Blancard, économiste spécialiste des marchés financiers, « un bon indicateur est, par exemple, l’implication de certaines banques dans les paradis fiscaux. » En 2016, un rapport européen inédit coordonné par l’ONG Oxfam, et auquel l’économiste a participé, a mis en lumière l’optimisation fiscale d’une vingtaine de banques européennes dont les ténors français (BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole, Crédit Mutuel-CIC et Société Générale). Ces dernières ont déclaré « 5,5 milliards d’euros de bénéfices dans les paradis fiscaux en 2015 », et ce, alors qu’il n’y existe aucune activité économique.
Les investissements peuvent aussi se révéler peu compatibles avec le respect de l’environnement ou des droits humains. Les Amis de la Terre ont, notamment, dénoncé le financement d’activités fossiles par les grandes banques françaises. En 2015, La Société Générale, le Crédit Agricole, BNP Paribas ou Natixis, se sont engagés à limiter leur financement de mines ou de centrale à charbon. « Mais certaines continuent de financer par exemple l’extraction de gaz liquéfié issu des gaz de schiste », nuance Lucie Pinson.
Source : FinansolDans ce contexte, se développent des produits financiers soutenant des objectifs climatiques et sociaux et rassemblés sous la bannière de “finance responsable” ou “solidaire”. Mais selon Anuschka Hilke, analyste au sein de l’association 2° Investing initiative, ces placements ne répondent pas à des définitions et des critères homogénéisés. D’après elle, outre un travail de standardisation, l’enjeu est de lever « la méconnaissance de tous ces mécanismes de la part du grand public. Les banquiers n’évoquent pas d’eux-mêmes si les placements proposés peuvent remplir des objectifs non financiers. Il faudrait rendre cette discussion obligatoire », préconise-t-elle.
Selon l’enquête nationale annuelle Ipsos sur l’investissement socialement responsable (ISR), parue le 22 septembre, seulement 3% des 1 082 Français interrogés début septembre 2017, se sont en effet vus proposer ce type de placement par leur établissement financier. Alors même que, selon cette enquête, un Français sur deux déclare « accorder une place importante aux impacts environnementaux et sociaux dans ses décisions de placements. »
Source: Observatoire de l’épargne réglementée
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