PRÉCOCE. S’il a changé plusieurs fois de maison politique, Arnaud Lafon est un centriste, droit dans ses bottes. Élu Maire de Castanet à 25 ans en 2001, ce partisan du renouvellement démocratique ne briguera pas de quatrième mandat en 2020.
Par Nicolas Mathé
Baskets aux pieds, vêtu d’une chemise et d’un jean, Arnaud Lafon reçoit avec son habituelle décontraction avant un déjeuner en compagnie de Pierre Izard, avec lequel il s’est beaucoup « castagné » mais pour qui il a gardé un certain respect. Certainement évoqueront-ils ce poste de Président du Département que l’aîné a récemment quitté et que le jeune homme politique avoue sans détour avoir convoité. « C’était le but, j’avais envie de changer les choses mais visiblement, on ne veut pas de moi ailleurs qu’à la Mairie de Castanet », s’amuse-t-il en référence à ses deux défaites aux départementales, dont la dernière en date vient d’être validée par le Conseil d’État. C’est que derrière ses airs de jeune loup ambitieux et sûr de lui, Arnaud Lafon fait preuve d’une sincère lucidité au moment d’évoquer son parcours. Un chemin loin d’être lisse et balisé d’avance comme pourrait le laisser penser son élection à la mairie de Castanet, à 25 ans, alors qu’il habitait encore dans son appartement d’étudiant à Matabiau. Plus jeune, Arnaud Lafon était plutôt du genre élève dissipé comme en témoigne son renvoi du collège privé qu’il fréquente dans le Lauragais. Après le lycée Ozenne à Toulouse, il s’inscrit en faculté de droit, « comme quand on ne sait pas quoi faire ». En deuxième année, il adhère au CELF (Collectif des Étudiants Libéraux de France), syndicat proche de l’UDF. « A l’époque l’UNI était plutôt tournée vers l’extrême droite et la droite modérée se retrouvait donc au CELF, ça ferraillait dur », raconte Arnaud Lafon. A sa place dans cette mouvance basée sur le compromis plutôt que la confrontation, il se rapproche alors des représentants locaux du Parti Républicain et rencontre Serge Didier, figure régionale du centre passé par les rangs d’Occident, mouvement politique d’extrême droite. « C’était un autre temps, dans les années 60 le centre n’existait pas, la société n’était pas pacifiée », plaide l’élu.
« Si je n’ai pas fait ce que je voulais en 19 ans, c’est qu’il y a un problème »
Côté études, Arnaud Lafon va jusqu’au DESS et, en 2000, rate les écrits du concours d’avocat d’un point. Sans regret. L’année suivante sera riche en rebondissements. Alors qu’on lui propose d’intégrer la liste municipale de Philippe Douste-Blazy à Toulouse, lui préfère démarrer son expérience au sein de l’opposition et cherche donc l’endroit où il y aurait le moins de chance de gagner. Cela tombe bien, Serge Didier vient d’être battu aux législatives dans le canton de Castanet, ville solidement ancrée à gauche. « Lors d’un repas pour désigner la tête de liste, tout le monde baissait les yeux et Serge Didier a dit en me désignant, ce sera lui », se souvient-il. Six mois plus tard, il emporte la Mairie avec 135 voix d’avance. Aujourd’hui, après quinze ans d’exercice, Arnaud Lafon l’affirme : il appliquera le renouvellement démocratique qu’il a toujours défendu. Très critique avec les pratiques clientélistes, avouant du bout des lèvres préférer les convictions d’un Mélenchon aux politiciens guidés par les sondages, il ne briguera pas de quatrième mandat : « si je n’ai pas fait ce que je voulais en 19 ans, c’est qu’il y a un problème. Je suis très fier de mon action et de ce qu’est devenue la ville mais à 44 ans, je serais déjà un vieux politicien ». Dans 4 ans, ce « libéral au service de l’homme », qui a quitté le Modem pour les Républicains, ne rejette pas l’idée d’une nouvelle fonction politique s’il peut servir. Il pourra aussi se consacrer pleinement à son entreprise de contrôle de gestion. Ou bien naviguer sur l’océan, une de ses passions : « en temps normal on a l’impression de tout maîtriser, sur l’eau il y a une perception de l’existence différente, un sentiment d’humilité ».
3 années phares :
1975 : naissance à Antibes
2001 : devient maire à 25 ans
2020 : fin de son troisième mandat
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