Next. Une élection chassant l’autre, les départementales laissent place aux régionales, qui doivent se tenir en décembre 2015. Si la gauche a déjà choisi ses candidats avec le binôme Delga/Alaric, la droite est en plein processus de recrutement. Le vainqueur sera connu d’ici la fin du mois. Compte à rebours.
Par Coralie Bombail et Thomas Simonian
Ces élections régionales sont inédites en beaucoup d’aspects. Première campagne sur le nouveau territoire de la super région Midi-Pyrénées / Languedoc-Roussillon. Une terre sans nom, sans capitale… et sans têtes d’affiche. L’ère Georges Frêche a marqué l’une, l’ère Martin Malvy, a marqué l’autre. À gauche, comme à droite, trouver une personnalité à la hauteur de ces icônes n’est pas une mince affaire. Le PS a opté pour le choix risqué de présenter une ministre, qui a certes une aura nationale, mais qui fait partie d’un gouvernement impopulaire… De son côté, la droite régionale semble se plier au principe ‘‘à situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle’’ avec la mise en place d’un ‘‘comité de pilotage restreint’’ (composé de 12 élus de la droite et du centre dans les deux régions) chargé de désigner la tête de liste. Les candidats à la candidature postulent auprès de ce comité, et seront entendus par celui-ci le 25 avril prochain. Les commissions nationales d’investiture de l’UMP et de l’UDI trancheront ensuite sur le choix final. Dix personnes se sont aujourd’hui fait connaître pour le poste. En Midi-Pyrénées, Bernard Carayon, maire de Lavaur et Philippe Bonnecarrère, président du Grand Albigeois se préparent à cette échéance depuis plusieurs mois et s’annoncent comme les favoris, de par leur expérience respective. Le premier, plutôt proche de Nicolas Sarkozy et président de l’UMP 81, tour à tour conseiller général, régional et élu trois fois député se dit prêt à représenter cette grande région « à laquelle je suis attaché charnellement et spirituellement ». Philippe Bonnecarrère, ancien maire d’Albi, sénateur UDI depuis septembre dernier, est également une figure de poids. Mais il ne souhaite pas s’exprimer avant le 25 avril. Deux élus du Tarn, « épicentre de la future grande région », signale Bernard Carayon. Jacques Thouroude, président de l’opposition régionale, est un candidat légitime de par son rôle (même s’il vient d’être élu conseiller départemental dans le Tarn, ce qui est étrange au regard de son ambition régionale…). En revanche, les candidatures des deux conseillers régionaux haut-garonnais Elisabeth Pouchelon (UMP) et Jean-Luc Rivière (UDI-Parti Radical) sont une surprise. La première, candidate malheureuse aux départementales, revendique sur les réseaux sociaux sa position de « seule femme candidate », alors que le second défend un vrai positionnement : « Il était bon qu’il y ait plusieurs voix centristes qui soient entendues dans le cadre de cette désignation. Nous sommes pris dans un étau, entre le PS et le FN. Il s’agit de trouver parmi nous celui qui pourra desserrer les mâchoires de Carole Delga et de Louis Aliot. » Et de poser sur la table un vrai débat de fond : « Je veux que nous répondions à un véritable enjeu que l’équipe sortante n’a pas su traiter : l’échec scolaire. Il faut investir dans l’éducation ! Analysons la cartographie régionale de l’échec scolaire et du vote FN … Les concordances sont réelles. Cela me révolte ! »
« Dénonçons les campagnes de communication dégueulasses de Robert Ménard »
Autre candidature étonnante, celle du politologue Dominique Reynié originaire de l’Aveyron et non encarté. On le sait tout de même très proche de l’UMP. Le directeur du Think Tank libéral Fondapol demande l’investiture au nom du renouvellement de la classe politique. Cela ne le dispensera pas de se présenter devant le comité d’élus locaux. Démarche initiée sans lui en février dernier à Perpignan, où l’édile toulousain Jean-Luc Moudenc a réuni 40 élus pour mettre en place ce processus de désignation.
Du côté languedocien, on ne compte pas laisser faire la suprématie midi-pyrénéenne (qui représente 7 candidats sur 10) : « Il est important qu’il y ait un équilibre entre les deux régions et si Toulouse risque fort d’être la future capitale, il serait bon, afin de rassurer les habitants du Languedoc-Roussillon que le président soit issu de notre région », plaide Stephan Rossignol, maire de la Grande Motte et candidat à la candidature. Déterminé, il revendique une « expérience certaine du fait régional », d’abord au cabinet puis élu depuis 1998. Il est aujourd’hui le président de l’opposition : « J’ai fait face à Georges Frêche, à Christian Bourquin, et à Damien Alaric. Il y a eu des sessions ‘‘viriles’’ et hautes en couleur ! » s’exclame-t-il. Visiblement, avoir du caractère, est une qualité requise pour diriger cette future région… C’est ce que pense Pierre Morel A L’Huissier, député maire de Fournels (Lozère), réputé pour « être un rebelle de la vie politique », comme il le dit lui-même : « J’ai porté plainte contre l’UMP dans l’affaire Bygmalion, j’ai sorti un livre ‘‘Argent et politique, vers quelle transparence ?’’ (Editions du Fil rouge), je suis en bons termes avec l’UMP et Nicolas Sarkozy, mais je n’appartiens pas à une écurie ; je n’aime pas être sous l’autorité de quelqu’un ». Voilà qui est dit. Malgré ce tempérament bien trempé, il se définit comme un homme de consensus « UDI compatible ». Ce qui est un point majeur lorsqu’on conduit une liste d’union… Et un atout que revendiquent quasiment tous les candidats… Au-delà de rassembler leur camp, ils devront tous faire face à une difficulté commune : se faire connaître sur l’ensemble du territoire. Stephan Rossignol, dont le site internet de campagne est déjà en ligne, compte sur les élus locaux « qui seront des relais pour nous faire connaître vis-à-vis de la population ». En ce sens, il a commencé à rencontrer les élus midi-pyrénéens. Le maire de la Grande Motte prévoit une campagne stratégique, « être sur les manifestations essentielles comme les salons et foires mais il est certain qu’on ne pourra pas faire tous les marchés ! » Bernard Carayon préfère mettre en avant « un programme clair, facilement compréhensible par la population », avec un argument choc : « s’imposer en Europe en s’appuyant sur la force de nos deux métropoles ». En revanche Pierre Morel A L’Huissier mise sur une communication offensive : « Je sais comment marche la médiatisation d’une personne, en un mois on a le temps de créer ‘‘un produit’’. Il faut une campagne tout azimut, dans toutes les maisons, avec une belle image et insister sur le fait que je suis un député actif pas très politicard ».
Jean-Luc Rivière (UDI)
« La force de nos deux métropoles »
Pour le futur candidat, le défi à relever est de taille. La gauche a confirmé son assise aux départementales, aussi bien en Midi-Pyrénées qu’en Languedoc-Roussillon. Et les socialistes ont une longueur d’avance en ayant déjà dévoilé leurs candidats. « Carole Delga se sert de ses fonctions de ministre pour venir faire campagne en Languedoc-Roussillon, ce qui est un peu limite », dénonce Stephan Rossignol, « si on fait un micro-trottoir je ne suis pas sûr que beaucoup de monde connaisse ce binôme ». « Il ne faut pas oublier non plus qu’il va falloir s’opposer franchement et radicalement avec le FN. Le mode de scrutin pourrait lui être profitable. Dénonçons notamment les campagnes de communication dégueulasses de Robert Ménard à Béziers », tempête Jean-Luc Rivière. La campagne ne démarrera réellement qu’en septembre. « Il n’y a pas de bastille qui ne soit un jour tombée », philosophe Bernard Carayon, en citant les départements du Nord et des Bouches du Rhône en exemple. Mais en oubliant de mentionner la Lozère, seul territoire à être passé… de droite à gauche.
Liste des candidats UMP-UDI
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