Les fameux fonds européens sont souvent évoqués de manière vague, soit pour critiquer leur bonne utilisation, soit pour rappeler l’importance d’appartenir à la communauté. Guillaume Cros, vice-président de la Région en charge des affaires européennes, détaille leurs incidences concrètes sur de nombreux acteurs du territoire, dans tous les domaines.
Pour mesurer les impacts concrets de l’Europe en Occitanie, il faut avant tout savoir déchiffrer la foule de sigles qui symbolisent les différents fonds structurels irriguant le territoire. Il y a ainsi le Feder (Fonds européen de développement régional) dont la vocation est de corriger les déséquilibres entre les territoires, le FSE (Fonds social européen), en matière d’emploi et de formation, le Feader (Fonds européen agricole pour le développement rural), second pilier de la politique agricole commune et enfin le Feamp (Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche).
En Occitanie, l’enveloppe globale attribuée pour la période 2014-2020 représente 3,2 milliards d’euros (soit 10 % du montant total alloué à la France), dont 2,8 sont directement gérés par la Région. Aide à la mise en place d’une cellule de recherche et développement au sein d’une entreprise ou à la numérisation des pièces d’un musée, intégration des personnes défavorisées, lutte contre la discrimination sur le marché du travail, conversion bio d’exploitations agricoles… « Le champ des destinations de ces fonds est vaste et couvre l’ensemble des thématiques des territoires », souligne Guillaume Cros, vice-président de la Région en charge des affaires européennes.
Ces subventions, qui ne peuvent intervenir qu’en complément d’autres sources (publiques, privées ou d’autofinancement), ont permis d’accompagner plus de 53 000 projets depuis 2014. La start-up toulousaine Uwinloc, spécialisée dans les étiquettes connectées, a par exemple bénéficié d’une aide Feder sur un projet de recherche qui a engendré la création de 16 emplois. L’association Rebonds, qui fait appel au rugby pour insérer les jeunes en difficulté est, elle, soutenue par le FSE. « Le fait d’être autorité de gestion ne garantit pas une totale liberté sur le fléchage des fonds. La Région administre et instruit les dossiers au sein d’un cadre fixé par l’Europe sous forme de programmes opérationnels », précise Guillaume Cros. Pour pouvoir y prétendre, tout porteur de projet peut se rendre sur le portail unique www.europe-en-occitanie.eu.
Dans la région, c’est le secteur agricole, et de très loin, qui obtient le plus les faveurs de l’Europe. Sur la période 2014-2020, le Feader représente ainsi 1,9 milliard d’euros sur les 3,2 milliards totaux et a permis d’aider plus de 50 000 projets. Par exemple celui de la ferme de Séga’lait, en Aveyron, soutenue pour l’achat d’équipements (pasteurisateur, étuve, frigos…) destinés à mettre en place une activité de transformation. L’Occitanie est la deuxième région française percevant le plus de fonds pour l’agriculture. « Les montants sont calculés selon plusieurs critères, dont la présence de zones à handicap naturel qui sont nombreuses chez nous », explique l’élu. Ce dernier exprime toutefois ses inquiétudes quant à une éventuelle recentralisation de la gouvernance des fonds : « Ce n’est pas encore appliqué, mais pour la partie agricole, il serait question de faire remonter l’autorité de gestion au niveau des États. Ce serait un vrai retour en arrière et un risque de rompre le lien fort entre l’Europe et les régions ».
Vice-président de la Région en charge des affaires européennes, il est aussi vice-président d’Europe Écologie Les Verts et rapporteur de l’avis du Comité des régions sur la future PAC.
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