Après une année 2022 marquée par une forte sécheresse, la Région Occitanie et six Départements du bassin Adour-Garonne ont décidé d’agir face au manque d’eau. Ces collectivités viennent d’augmenter le capital de la Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne (CACG) pour permettre à ce spécialiste de la gestion des ressources en eau de développer ses actions.
Une CACG 2.0 va voir le jour. La Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne (CACG), spécialiste de la gestion des ressources en eau, veille sur plus de 80 ouvrages, dont le système Neste, dans les régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine. Un peu plus de 60 ans après sa création, elle va prendre une toute nouvelle dimension et ce, grâce à une augmentation record de son capital. « Nous passons de deux millions d’euros à 24 millions », révèle Carole Delga, la présidente de la Région Occitanie.
La collectivité entre à hauteur de 26% dans le capital et devient ainsi actionnaire majoritaire de la Compagnie. La Région Nouvelle-Aquitaine (10,90%), les Départements de la Haute-Garonne, du Gers, des Hautes-Pyrénées, du Tarn-et-Garonne, du Lot et des Landes (28,3%) participent également à ce nouveau capital d’un montant de 26,3 millions d’euros au total. Sans oublier les actionnaires privés (34,7%), notamment la Banque des Territoires. « C’est un vrai partenariat public-privé », souligne Carole Delga.
Si la CACG se réinvente aujourd’hui, c’est pour « mieux accompagner les acteurs des territoires dans la transition écologique » face au changement climatique. 2022 a été rude pour les cours d’eau. « Nous n’avons jamais vécu une année comme celle-ci. Nous avons battu des records de sécheresse et de chaleur. Et l’année 2023 démarre mal avec des réserves d’eau à sec et un manteau neigeux faible », rapporte Jean-Michel Fabre, vice-président du Département de la Haute-Garonne chargé de la transition écologique.
La situation risque de s’aggraver avec les années. « Les prévisions sont alarmistes sur le bassin Adour-Garonne. Il est annoncé 1,2 milliard de m³ de déficit en eau en 2050 », alerte Carole Delga. Pierre Chéret, conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine, ajoute : « Nous savons que demain nous allons manquer d’eau ». C’est pourquoi les collectivités ont décidé d’agir dès à présent. « Le temps et l’argent nous sont comptés. Nous ne pouvons pas rester dans la paralysie », déclare la présidente de la Région Occitanie.
Les collectivités comptent donc sur les compétences de la Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne, qui devrait d’ailleurs bientôt changer de nom, pour répondre aux défis du changement climatique. « Nous avons besoin de la CACG », appuie Jean-Michel Fabre. Jean-Luc Cazaubon, vice-président de la Région Occitanie chargé de la souveraineté alimentaire, de la viticulture et de la montagne et nouveau président de la Compagnie, le confirme : « Sans actions de la CACG, 2022 aurait été catastrophique ».
L’objectif est maintenant d’amplifier ces actions « pour pérenniser et sécuriser l’ensemble des ouvrages hydrauliques de la Neste et des rivières de Gascogne », indique Carole Delga. Elle cite notamment l’adaptation des usages de l’eau, l’augmentation de capacité des réserves existantes, la remise en fonctionnement de certaines réserves ou encore la favorisation des phénomènes naturels. Il sera d’ailleurs bientôt expérimenté la réalimentation de nappes phréatiques par le canal Saint-Martory en Haute-Garonne.
La Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne prévoit ainsi d’investir plus de 200 millions d’euros sur les dix prochaines années au bénéfice des territoires. 120 millions permettront déjà de pérenniser et moderniser des ouvrages hydrauliques afin de sécuriser l’approvisionnement en eau des rivières. « Nous allons intensifier ces travaux », annonce Willy Luis, directeur général de la CACG. Ces aménagements permettront de gagner quelques « précieux millions de m³ d’eau », estime Jean-Michel Fabre.
La Compagnie ambitionne par ailleurs de devenir une entreprise à énergie positive en misant sur la valorisation de son patrimoine. Elle mobilisera donc 60 millions d’euros sur dix ans pour développer des projets sur les infrastructures existantes afin de « contribuer à la production d’énergie verte locale et limiter ses consommations ». Dès 2023, six seront initiés en hydroélectricité et des études de faisabilité seront lancées pour sept projets en photovoltaïque flottant. Une initiative bienvenue en ces temps de crise énergétique.
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