Le club de rugby de Villefranche-de-Lauragais est le centre névralgique la petite ville de Haute-Garonne. Il permet de développer une forme de lien social dans une commune où la plupart des habitants travaillent dans les métropoles voisines.
L’anecdote n’est pas anodine. L’une des premières choses que l’on aperçoit en arrivant dans la commune de Villefranche-de-Lauragais est son club de rugby. Le FC villefranchois, ou “fécévé” pour les puristes. Pour de nombreux habitants, il est un élément historique de la petite bourgade de 4 500 âmes. Et pour cause, le club existe depuis 1906. « Villefranche est surtout connu pour son club de rugby », explique Alain Gourdou, 60 ans, Villefranchois depuis deux décennies et fonctionnaire à Toulouse. « Le club est primordial pour la ville », rajoute Christian Corbière, adjoint au maire, délégué aux affaires sportives, et ancien dirigeant au FCV. Il en est même « l’un des emblèmes », poursuit l’élu.
Le club de rugby est un véritable lieu de rencontres précise Alain Gourdou. Ludovic Saffon, 38 ans dont « 34 passés au FCV », est une des figures du club. Il explique, le sourire aux lèvres : « Il n’y a pas de doute, lorsqu’un nouvel arrivant prend sa licence au club, son intégration à la vie du village est d’autant plus facile. »
Pour les habitants, le FCV agit comme un élément fédérateur. Les jours de match à domicile, tout le monde se retrouve en un même endroit : le stade. Pour certains, les rencontres sportives ne sont que prétextes au lien social, dans une ambiance conviviale. Un esprit “rugby de clocher”, qu’il est pourtant difficile de maintenir, mais qui reste indispensable à la vie du village selon Alain Gourdon, qui lui, assiste à tous les matchs : « Le club permet aux gens de faire connaissance, de garder contact, d’aborder leurs voisins ou encore de créer des amitiés. Une dimension importante dans une commune qui devient une vraie cité dortoir où plus personne ne se côtoie. » Comme lui, ils seraient près de 2 000 à quitter la commune chaque jour pour aller travailler.
L’an dernier, l’équipe réserve senior a remporté le titre national de Fédérale 2B. Un moment particulier que se remémore Matéo Baraness, joueur du FCV depuis 15 ans. « Dans tout Villefranche, il y avait des drapeaux blanc et rouge accrochés aux fenêtres. » Ludovic Saffon, son entraîneur, se rappelle, sourire aux lèvres : « Certaines personnes que je n’avais jamais vues au stade en 30 ans se sont déplacées pour nous encourager. » Trois bus avaient été spécialement affectés gratuitement par une entreprise de transport basée à Villefranche-de-Lauragais (Teste). Un engouement qui a permis aux joueurs de se surpasser.
Un enthousiasme que Matéo Baraness a pu constater, au-delà du seul “supportérisme”. En effet, pour assurer sa pérennisation, « le club a besoin de sponsors », précise l’élu Christophe Corbière, qui a été trésorier du club pendant plusieurs années. Si la mairie subventionne en partie le FCV, ce dernier compte beaucoup sur ses soutiens privés. Ils n’ont d’ailleurs pas hésité à mettre la main à la poche lors des phases finales l’an passé pour, entre autres, payer hôtels et repas aux joueurs pendant des déplacements. Il s’agit-là d’une véritable vie économie à l’échelle microlocale.
L’école de rugby du club est également un moyen de nouer des liens. Tant pour les enfants inscrits, que pour leurs parents. Chaque année, entre 300 et 400 jeunes rugbymen en herbe, venus des communes environnantes, intègrent la structure, confortant ainsi Villefranche dans sa position centrale en termes de dynamisme local. C’est de cette façon que Matéo Baraness, qui habite Saint-Vincent, à quelques kilomètres de là, a rejoint le FCV. Aujourd’hui âgé de 21 ans, il évolue au club depuis qu’il a 7 ans : « Mes coéquipiers et moi, nous nous connaissons maintenant depuis longtemps. Je me suis fait de véritables amis ici ! » Un attachement et une fidélité au club que nombre de joueurs développent et qu’Alain Gourdou souhaiterait voir perdurer encore durant plusieurs générations, notamment par le biais de l’école de rugby.
Rémy Gaubert
En attendant, des initiatives visant à faire du sport un vecteur d’insertion sociale fleurissent dans toute la France. Et ce auprès de publics très variés. Qu’il s’agisse de football en marchant pour que les personnes âgées puissent garder un lien social, de karaté pour que les femmes victimes de violence se réapproprient leur corps, ou d’athlétisme pour aider les autistes à maîtriser leurs angoisses. Un petit échantillon des nombreux projets que le JT met en exergue dans ce dossier du mois d’octobre.
Commentaires