Avec 120 conférences par an et des dizaines d’ateliers, l’Université du temps libre a pour mission de vulgariser les savoirs académiques auprès du grand public. Cours d’histoire de l’astronomie ou exercice de peinture ancienne, cette démarche permet à tous d’accéder aux connaissances les plus pointues, tout au long de la vie.
® Franck AlixSes locaux sont cachés au fond de la cour pavée et bordée d’arcades du 56 rue du Taur, qu’elle partage, entre autres, avec L’École nationale supérieure d’audiovisuel. Dans ces bâtiments historiques qui ont successivement abrité l’ancienne faculté de lettres et sa bibliothèque, l’Université du temps libre (UTL) dispense les savoirs académiques à tous ceux qui le souhaitent, sans condition de niveau.
Depuis plus de 30 ans, cette sous-structure de l’université Jean-Jaurès propose, chaque année, 120 conférences réparties en 90 cycles thématiques ainsi que des cours de langue ou des ateliers de pratiques artistiques. « Ce sont des formations non diplômantes. Notre rôle est de rendre accessible au grand public, par un travail de vulgarisation, des discours normalement adressés à des spécialistes », résume Dany Rochefort, la responsable de l’UTL qui assure elle-même l’accueil de ces étudiants un peu particuliers.
Dès 13h30, plusieurs personnes patientent devant la salle. Toutes sont présentes pour assister à une conférence sur ”Le triomphe de l’astronomie nouvelle”. Quand les portes s’ouvrent, Dany Rochefort scanne la carte d’auditeur de chacun des spectateurs. Elle connaît d’ailleurs la plupart par leur nom. Ici, on ne vient pas seulement chercher de la connaissance. « Apprendre et rester curieuse m’aide à me sentir vivante. Je vais à tout ce qui m’intéresse. L’astrophysique, la philosophie, la poésie, la musique… », détaille Éliane, pharmacienne retraitée, qui s’est inscrite à trois conférences cette semaine.
« Parfois, j’assiste à plusieurs exposés par jour. Vous vous rendez-compte de la chance que nous avons d’avoir accès à des intervenants de cette qualité, qui nous mettent au courant des dernières recherches ? Je ne veux pas passer à côté de tout cela », s’enthousiasme-t-elle. Une cinquantaine de personnes a pris place dans la salle. Dans les travées, les têtes chenues dominent. « Nous avons 2100 inscrits âgés de 19 à 96 ans. Mais la grande majorité a entre 64 et 78 ans », concède Dany Rochefort.
Copernic, Kepler, Newton, Galilée… Didier Foucault, professeur émérite d’histoire moderne, détaille les différents modèles qui ont régi la science astronomique et retrace le parcours semé d’embûches qu’ont du affronter les précurseurs de cette science. Notamment en bravant l’inquisition. « Nous offrons une porte d’entrée vers une connaissance garantie par la communauté universitaire. Même si ce n’est pas un gage absolu de compétences », assure avec humour l’enseignant qui clôt aujourd’hui un cycle sur l’histoire de l’astronomie.
« L’enjeu est de se mettre à la portée de tous sans pour autant sacrifier la rigueur du propos. L’erreur serait de prendre des gens pour des imbéciles », analyse le professeur, qui donne un tour citoyen à cette démarche. « J’ai passé une partie de ma vie à accumuler des savoirs, en tant que fonctionnaire payé par les impôts des contribuables. Il est normal de leur restituer ce qu’ils m’ont permis d’acquérir. Par ailleurs, je suis convaincu qu’il faut un niveau de formation culturelle adapté aux exigences de notre condition de citoyen. Le débat démocratique n’en sera que plus riche », observe-t-il.
Pendant que les uns occupent leur esprit avec les controverses sur l’héliocentrisme, d’autres sont absorbés par une activité plus manuelle. Dans une petite salle, aux grandes et lumineuses fenêtres, une douzaine de peintres en herbe parachève studieusement des copies de natures mortes. Fleurs épanouies et chatoyantes, fruits aux couleurs nuancées… Jérôme Ruiz, restaurateur de tableaux et chargé de cours en histoire de l’art, passe devant chaque réalisation et distille de précieux conseils. Un léger glacis de noir sur l’aile diaphane d’un papillon… Quelques réhauts de blancs pour donner du relief aux pétales… « Ce n’est pas un cours de peinture à proprement parler. C’est plutôt un moyen d’approcher les techniques anciennes en mettant la main à la patte. Nous avons préparé nous-même les pigments en broyant des matières premières », précise l’animateur, qui a également invité ces apprentis copistes à visiter son atelier et un chantier de restauration.
« Je viens pour changer et échanger »
« Il n’y a pas de prérequis, n’importe qui peut s’inscrire », se félicite Claude, retraité de l’industrie de la télécommunication, avant de se replonger dans la quête de l’ocre idéal pour son orchidée. Comme lui, Martine, qui a travaillé dans le secteur bancaire, apprécie la qualité d’enseignement. « C’est une opportunité pour continuer à progresser et réfléchir. Il est fondamental d’apprendre des autres pour ne pas se replier sur soi. Je viens pour changer et échanger », souligne-t-elle. Une philosophie qui correspond parfaitement à la définition de l’éducation populaire.
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