Le chantier du futur parc des expositions est l’un des plus importants jamais réalisés à Toulouse. Des centaines d’ouvriers travaillant en hauteur ou sur d’énormes engins, les risques d’accident sont multiples et omniprésents. Europolia, le maître d’œuvre, ouvre les portes de ce projet exemplaire.
@ Franck Alix
Derrière les pistes de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, se déploie l’un des plus imposants chantiers du bâtiment en cours en France, celui du futur parc des expositions et centre de conventions. Sous la maîtrise d’ouvrage d’Europolia, la société publique locale d’aménagement de Toulouse Métropole, près de 400 ouvriers construisent les 70 000 m2 de surface d’exposition couverts. Huit grues, des dizaines de poids lourds et une armée de tractopelles, rouleaux compresseurs et chariots élévateurs. L’ampleur de ces travaux, lancés en mai 2018, laisse pantois. Dans un tel contexte, le droit à l’erreur est nul et les règles de sécurité sont drastiques.
Cela commence dès l’entrée. Les 25 hectares de la zone de travaux sont clôturés et tous les accès sont contrôlés par un poste de garde. Pour y pénétrer, il faut revêtir les équipements de protection individuelle et se munir d’un badge. En plus des règles de sécurité propres à chacun des métiers, des prérequis en matière de risques électriques, d’incendie ou de secourisme sont exigés pour l’obtention du précieux sésame. « Chaque ouvrier passe un test pour s’assurer de ses savoirs minimum de sécurité, les SMS. Pour travailler sur un chantier, il est impératif de connaître les étapes pour la mise en place d’une banche, d’un étai ou d’un lest », insiste Frédéric Citron, directeur de travaux d’Eiffage, l’un des opérateurs.
Casqués, bottés et affublés d’un gilet réfléchissant nous approchons de l’immense bâtiment qui accueillera le centre des congrès. Le « mégaportique » qui attend sa façade en baie vitrée culmine à plus de 20 mètres et enjambe une vaste esplanade. Cette structure autoportée, véritable prouesse architecturale, couvre plus de 15 000 m2 d’un seul tenant. « C’est un vrai chantier de Lego. Tous les éléments arrivent préfabriqués, calepinés et prêts-à-monter. En plus de nous garantir une meilleure qualité, ce principe de construction est moins accidentogène », se félicite Anne Fraisse, directrice du développement d’Europolia.
À proximité, une nacelle porte un couple de façadiers au bout de son bras articulé. Les deux hommes, perchés à une quinzaine de mètres, disposent de grands panneaux translucides. « L’un d’eux n’a pas son gilet », désapprouve la directrice de développement, avant de concéder que le plus important, à cette hauteur, est qu’ils soient correctement arrimés et casqués. Cet oubli mineur fait toutefois figure d’exception. Tous les ouvriers arborent un casque nominatif, qu’ils n’ôtent qu’une fois sortis de la zone de travaux. De même, l’œil averti remarquera que toutes les terrasses et ouvertures béantes sont sécurisées par des garde-corps provisoires. « L’ouvrier jouit d’un droit de retrait. S’il considère que les conditions de sécurité ne sont pas réunies, il peut refuser de mener sa tâche à bien», précise Frédéric Citron.
« La sécurité n’est pas une question de taille de chantiers ou de moyens »
Malgré le nombre d’employés, le chantier respire le calme. La taille du site permet de disperser les zones de travail. « La sécurité commence par une bonne organisation. Si tout le monde intervient en même temps sur le même bâtiment, on provoque le risque », analyse Anne Fraisse. Toutes les semaines, des réunions sont planifiées pour réajuster les tâches de chacun et s’assurer du bon déroulement de toutes les opérations.
Pour Didier Rotelli, responsable de l’ordonnancement, du pilotage et de la coordination pour le couple de la société SCO, le meilleur atout est encore à chercher du côté de l’expérience. « Il n’y a pas de secret. Il faut surtout du bon sens et de la logique. » Deux contrôleurs de sécurité et de protection de la santé effectuent également plusieurs visites hebdomadaires pour s’enquérir du respect des normes. « La sécurité n’est pas une question de taille des chantiers ou de moyens. C’est une attention permanente. Une priorité », martèle Frédéric Citron.
« La sécurité commence par une bonne organisation »
Malgré toutes les précautions prises pour limiter les accidents, le risque zéro n’existe pas et le chantier du Pex n’échappe pas à son lot de chutes, blessures et autres traumatismes liés à la manutention de charges lourdes. « En plus de deux ans, nous n’avons eu à déplorer que deux accidents qui auraient pu être graves. Heureusement, avec une entorse et une fracture, les conséquences n’ont pas été dramatiques », confie Anne Fraisse.
Depuis sa prise de poste, il y a une dizaine de jours, Victoria Dominique, l’infirmière de service, n’a eu à prendre en charge que deux cas bénins, dont “un ouvrier qui s’est blessé à la jambe avec une scie sauteuse. À cause de la poussière, nous portons un soin particulier aux plaies pour éviter tout risque d’infection », explique-t-elle. Ce jour-là, comme pour récompenser les efforts fournis, aucun incident n’a été déploré.
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