Dirigeante de Phost’in, entreprise spécialisée dans la recherche contre le cancer, Karine Chorro souhaite mettre l’innovation au service du plus grand nombre. Pour cela, elle utilise ses compétences au profit de la science.
Transformer une innovation en produit fini et commercialisable, c’est ce qui fait avancer Karine Chorro. Et ce, quel que soit le secteur d’activité. Si la technique reste la même pour valoriser une idée, la seule exigence de cette Montpelliéraine est d’être séduite par le projet et convaincue qu’il pourra changer significativement la vie des gens.
Après avoir été diplômée de l’école des Hautes études commerciales (HEC), elle enchaîne les expériences au sein de plusieurs établissements et développe ses compétences en gestion de projets, puis en gestion d’entreprises, en intégrant l’équipe dirigeante de la société Tiwak, spécialisée dans les jeux vidéo, avant sa cession à Ubisoft. De la même façon, elle rejoint la direction de BioRealités, qui développe des molécules anticancéreuses, et accompagne la structure à maturité avant sa cession à Servier.
Des expériences stimulantes qui nourrissent, au début de sa carrière, son besoin d’adrénaline. Avant que celui-ci n’évolue rapidement en quête de sens. « Il est indispensable pour moi d’avoir une bonne raison de me lever le matin, et qu’elle soit utile aux autres », explique Karine Chorro. C’est dans cette optique que, lorsqu’elle rencontre l’équipe académique du projet Phost’in, elle décide très vite de s’investir auprès d’eux et de les aider à développer leur innovation. En 2014, elle cofonde l’entreprise du même nom pour y parvenir.
« Il s’agit d’élaborer un médicament qui inverse les mécanismes de développement du cancer », précise la CEO de Phost’in pour vulgariser l’innovation en question. Plus en détails, les huit chercheurs de ce projet ont mis au point une molécule inhibitrice d’enzymes de glycosylation qui permet de rendre visible au système immunitaire une cellule cancéreuse, jusque là masquée par une enveloppe générée par des enzymes, tout en freinant la multiplication des cellules malades. De plus, cette découverte favorise l’efficacité de traitements existants.
Mais si Karine Chorro explique fort bien l’innovation en question, elle confesse que « la partie scientifique du projet n’est pas [son] rayon ». La complexité de ce dernier la fascine et elle a dû travailler de nombreuses heures avec les chercheurs pour en maîtriser les codes et les enjeux. Mais elle le sait : « Chacun doit tenir son rôle dans une telle aventure pour qu’elle aboutisse. Mon boulot est de tout mettre en œuvre pour que cette avancée scientifique puisse donner naissance à un médicament efficace. » Ainsi, elle court les financements, gère les équipes, organise les protocoles des études cliniques… La tâche est colossale.
Mais qu’importe, Karine Chorro n’est pas du genre à se décourager. Femme de défi, elle aime à transformer les obstacles en opportunité : « J’accepte de recevoir des conseils, d’apprendre quotidiennement, de me remettre en question… Et cela m’a souvent été utile. J’estime qu’il s’agit d’une force et non d’un manque d’assurance comme peuvent le penser certains. »
Severine Sarrat
Au journal depuis 2008, elle en connaît tous les rouages. D’abord journaliste polyvalente, puis responsable des pages économiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef.
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