Tandis que l’emblématique UGC du centre-ville s’apprête à fermer ses portes, un nouvel Utopia vient d’ouvrir les siennes dans le quartier de Borderouge. D’autres complexes, plus ou moins grands, sont en projet à Basso-Cambo, à Montaudran, à Bonnefoy ou à la Cartoucherie. Déjà très dense et hérité d’une relation forte entre Toulouse et le Septième art, le paysage cinématographique local est en pleine recomposition. Mais que ce soit derrière la caméra ou devant l’écran, les Toulousains continuent de cultiver un goût prononcé pour l’indépendance. Le JT fait le point sur les acteurs qui placent Toulouse au premier plan.
@DRToulouse est la quatrième métropole la plus cinéphile de France avec 5,09 millions d’entrées en 2017. Et si l’on rapporte ce chiffre au nombre de ses habitants, elle dépasse largement Marseille en termes de fréquentation. Les statistiques du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) indiquent par ailleurs, dans une étude commandée par la mairie en 2017, que les Toulousains sont, après les Nantais, les plus assidus dans les salles obscures, s’y rendant en moyenne cinq fois et demie par an.
« En 1896, les frères Lumière ont immortalisé la rue Alsace-Lorraine »
Une histoire d’amour avec le Septième art qui a débuté avec lui : « En mai 1896, un an après leur premier film, les équipes des frères Lumière ont immortalisé la rue d’Alsace-Lorraine, la place du Capitole et son donjon », rappelle Jean-Paul Gorce, ancien directeur de la Cinémathèque de Toulouse. « Mais tout s’est joué entre les années 1920 et 1950 », précise-t-il, lorsque les salles de quartier se sont multipliées — jusqu’à une quarantaine dans la seule commune de Toulouse — tout comme les ciné-clubs, des réunions de passionnés, dont le plus important, La Jeunesse Toulousaine, donnera naissance à l’ABC. Les Toulousains sont aujourd’hui les premiers consommateurs d’art et essai, y consacrant 22 % de leur budget cinéma.
« Je ne crois pas à la fin des salles de cinéma »
« Pour moi, ce qui prime, c’est la salle. Sortir de chez soi, faire la démarche d’aller voir un film… et partager une expérience collective. Seul dans son coin, c’est complètement différent. Je ne crois pas à la fin des salles de cinéma ». Les exploitants de multiplexes, qui améliorent sans cesse leurs moyens de projection pour attirer les spectateurs, non plus. Particulièrement à Toulouse, unique agglomération du Sud-Ouest à proposer quatre technologies parmi les plus avancées, avec une qualité d’image et de son exceptionnelle et un confort incomparable : Dolby au Gaumont Wilson — la plus grande salle d’Europe — Ice au CGR de Blagnac, Imax Laser au Gaumont Labège et 4DX au Kinepolis de Fenouillet.
Enracinée au cœur de la ville, rue du Taur, se trouve l’École nationale supérieure d’audiovisuel de Toulouse (Esav), qui accueille cette année sa quarantième promotion. Très prisée des apprentis réalisateurs ou techniciens, elle est, avec la Fémis et Louis-Lumière, l’un des trois seuls établissements publics français à dispenser un enseignement pratique des métiers du cinéma. En face, la Cinémathèque n’est pas étrangère à cette passion toulousaine. Fondée en 1964 par Raymond Borde pour conserver et restaurer des films voués à disparaître, elle possède aujourd’hui la troisième collection la plus importante de France, avec plus de 50 000 copies.
L’institution la fait rayonner dans la ville, grâce à des programmations mensuelles qui touchent tous les publics et par les nombreux évènements culturels qu’elle parraine : « Il y a vingt ans, afin d’appuyer leurs demandes de subventions, beaucoup de troupes de théâtre s’associaient à la Cinémathèque, qui organisait des projections sur le thème de leurs spectacles. La méthode, qui perdure, est devenue une habitude à Toulouse », révèle Jean-Paul Gorce. Cela explique en partie le grand nombre de festivals dédiés au Septième art dans la Ville rose, une douzaine, presque autant qu’à Lyon. De Cinelatino au Fifigrot, du festival de films LGBT+ à Séquences courts-métrages, le public est partout au rendez-vous.
Source : Centre national du cinéma et de l’image animée (2017)
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